Prostitution : les clients se raréfient suite à la loi du 13 mars 2016

Prostitution : les clients se raréfient suite à la loi du 13 mars 2016

Prostitution loi risque
Depuis maintenant plus de deux ans, les personnes ayant recours aux travailleurs du sexe sont susceptibles d’être verbalisées sur le sol français (amende de 1 500 € et de 3 750 € en cas de récidive). Et cela, en raison de l’instauration le 13 mars 2016 d’une loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. 

Pour autant, si le texte engendre l’effet recherché par le législateur – à savoir diminuer le nombre de clients – un effet rebond assez malsain est né dans le même temps. Les prostituées sont en effet soumises à un nouveau système pervers dans lequel les clients exigent des malheureuses des tarifs revus à la baisse, mais aussi des pratiques sexuelles dangereuses comme le non-port du préservatif.

Une situation que regrette amèrement l’association toulousaine, Grisélidis, qui les soutient quotidiennement à l’échelle de la ville rose : « Je ne peux pas donner de chiffres sur la baisse du nombre de clients mais les travailleuses du sexe qui viennent nous voir nous le remontent. Les clients ont maintenant peur et se raréfient. En conséquence, ceux qui restent sont en position de force pour négocier », révèle June Charlot, chargée de communication au sein de la structure.

« La semaine dernière, une prostituée qui travaille à Toulouse depuis vingt ans nous a confirmé que depuis environ six mois ou un an, elle a énormément de clients qui lui réclament de faire sans préservatif. Quand une travailleuse du sexe fait zéro de la nuit, quand le dernier client arrive à 4 heures du matin et exige une baisse des prix ou du sans-capote, certaines craquent », s’emporte-elle.

Pire, les clients ont parallèlement créé un véritable « réseau d’entraide » afin d’arriver à leurs fins, poursuit l’intéressée : « Les clients se donnent même des stratégies sur Internet pour faire baisser les prix, sur comment négocier. Certains vont voir une première travailleuse du sexe, puis une deuxième et font jouer la concurrence entre elles. De ce fait, cela crée des tensions et de la concurrence. »

En conséquence, Grisélidis milite activement pour une légalisation de l’activité de travailleur du sexe afin de mettre fins aux abus et à une précarité de tous les instants pour les personnes qui en vivent.

Crédit photo : Pixabay

Source : La Dépêche