1er mai : les fleuristes souhaitent travailler ce jour là

Alors que le 1er mai est un jour chômé et payé, les fleuristes de France souhaitent travailler légalement ce jour là comme les hôtels et les restaurants. La plupart réalise 50% de chiffre d’affaires supplémentaires pendant cette journée, grâce à la vente de muguets. Ils appellent donc à une modification de la loi.
En France, comme dans la majorité des pays dans le monde, le 1er mai est un jour chômé et payé. C’est la fête du travail ou plutôt la journée des travailleurs. Ce jour-là, les salariés sont censés ne pas travailler. Ainsi, administrations publiques, usines, entreprises et commerces doivent fermer. Seuls les hôtels et les restaurants ont droit d’ouvrir le 1er mai, à condition de rémunérer deux fois plus leurs salariés. D’autres activités peuvent bénéficier de cette exception, si elles apportent la preuve de leur caractère indispensable.
Les fleuristes bravent l’interdiction de vendre
Le 1er mai, la tradition veut qu’on s’offre un brin de muguet. Pourtant, les fleuristes n’ont pas le droit de faire travailler leurs employés. Une aberration, même s’il existe des vendeurs ambulants qui sont autorisés à vendre pendant cette journée. Malgré cette interdiction, inscrite dans l’article L3133-4 du Code du travail, de nombreux fleuristes vendent le 1er mai, bravant ainsi la loi. Ils s’exposent à des amendes en cas de contrôle de l’Inspection du Travail.
« C’est une tradition »
Farell Legendre, le président de la Fédération française des artisans fleuristes, affirme haut et fort que l’ouverture des fleuristes le 1er mai se fait dans le respect de la tradition. Aujourd’hui, « les fleuristes étaient ouverts. C’est une tradition, je le répète », martèle le responsable sur franceinfo. « Contrairement à d’autres, nous, on n’a pas appelé à fermer nos commerces, ça n’a absolument pas été le mot d’ordre, même si pour le coup, ça a pu lever une forme d’incertitude », ajoute-t-il. Le dirigeant dit attendre les chiffres de l’Inspection du Travail sur la violation des règles pour connaître l’ampleur de la bravade.
Un triplement du paiement pour les salariés
Farell Legendre relève cependant qu’aucun commerce n’oblige les salariés à travailler ce jour-là. Les collaborateurs le font sur la base du volontariat, certains étant libres de travailler, d’autres non. Mais, conformément à la loi, ceux qui vont travailler bénéficient d’un doublement de leur salaire. De plus, le régime et la convention collective prévoient un repos compensatoire. Autrement dit, les employés ont quasiment droit à un triplement de leur rémunération.
La CGT opposée à tout travail le 1er mai
Cette convention collective, précise Farell Legendre, est validée à la fois par les syndicats, le patronat et la Direction générale du travail. Toutefois, on constate que les principaux syndicats sont opposés au fait de travailler le 1er mai. Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a déclaré jeudi sur qu’« on veut encore [leur] voler un jour férié », insinuant par-là que les salariés n’ont pas vraiment le choix. Si les fleuristes parlent de tradition du muguet, c’est bien l’aspect économique qui pèse dans la balance des revendications.
L’État gagne à donner aux fleuristes l’autorisation de vendre le 1er mai
Farell Legendre avoue d’ailleurs que c’est tout un pan de l’économie qui est en jeu. Selon lui, le 1er mai représente 19,4 millions d’euros pour la filière. « Ce n’est pas neutre en matière de TVA, en matière de charges sociales, c’est grosso modo 4 millions d’euros supplémentaires dans les recettes de l’État, notamment via la TVA », calcule-t-il. Il note en outre que sur les produits issus de l’horticulture ornementale, la taxe est de 10%, sans oublier les cotisations sociales. L’exécutif aurait donc tout intérêt à lever le flou sur leurs activités.
Les fleuristes demandent une modification de la loi
Des sénateurs centristes, soutenus par le gouvernement, ont déposé une proposition de loi pour permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er mai. Mais ce texte suscite des craintes chez les fleuristes et les boulangers car il permettrait aussi à la grande distribution d’ouvrir. Or celle-ci peut imposer une forte concurrence avec la vente de muguets. La fédération des horticulteurs demande donc un autre projet de loi plus adapté.