Italie : Carrefour envisage de s’en aller, trente ans après son installation

Italie : Carrefour envisage de s’en aller, trente ans après son installation

Carrefour envisagerait de quitter l’Italie, un marché où il est en difficulté depuis plusieurs années, à cause notamment d’une forte concurrence. Le distributeur français serait déjà en discussion avec plusieurs rivaux, dont Lidl , Esselunga et Conad. Mais aucun de ces acteurs, ni même Carrefour, n’ont encore communiqué sur cette éventuelle cession.

D’après le journal allemand Lebensmittel Zeitung, Carrefour planche depuis plusieurs mois sur son départ d’Italie. Le géant français de la distribution aurait même déjà enclenché de discrètes négociations avec plusieurs rivaux locaux pour céder son réseau d’environ 1 200 points de vente. Parmi les intéressés figureraient Lidl, Esselunga et Conad.

Carrefour choisira t’il un acquéreur unique ou des ventes en bloc ?

Carrefour aurait nommé Rothschild en tant que conseiller pour une éventuelle cession de sa filiale italienne. Lebensmittel Zeitung, la banque d’affaires a même entamé des démarches afin de sonder l’intérêt d’éventuels acquéreurs. Toutefois, aucun accord ne serait garanti à ce stade. Ni le distributeur français ni les potentiels repreneurs n’ont communiqué sur ces rumeurs à ce jour. Mais le journal allemand est sûr de son information. Le quotidien précise même qu’en l’absence d’un repreneur unique pour l’ensemble du réseau italien, le scénario le plus probable est celui d’une vente en bloc.

Les intéressés prendront les formats adaptés à leur réseau

Cette vente morcelée implique que les différents distributeurs intéressés n’acquièrent que les formats compatibles avec leur réseau. Ainsi, Lidl pourrait se concentrer sur les magasins situés dans les centres urbains comme Carrefour Express. De leurs côtés, Esselunga et Conad devraient absorber les supermarchés et hypermarchés du groupe tricolore. Si ce projet se concrétisait, ce serait la fin d’une aventure de trente ans en Italie. C’est le quatrième marché d’importance en Europe pour l’enseigne française, mais elle n’y arrive que huitième.

La part de marché de Carrefour diminue chaque année en Italie

En 2024, le chiffre d’affaires de Carrefour en Italie a chuté de 5,3 % à 3,63 milliards d’euros, et les pertes se sont élevées à 250 millions d’euros. Niveau productivité, le groupe enregistre un chiffre d’affaires moyen au mètre carré de 5 716 euros, contre une moyenne nationale de 7 770 euros. Entre 2019 et 2023, ses pertes ont atteint au total 874,2 millions d’euros. Résultat : sa part de marché dans le pays diminue chaque année et son réseau se contracte. Celui-ci se compose actuellement d’environ 1 200 points de vente, dont plus de 900 gérés par des filiales.

Le PDG Alexandre Bompard avait annoncé les couleurs 

Des représentants de Carrefour ont indiqué que cette future cession s’inscrit dans le cadre de la revue stratégique du portefeuille d’activités du groupe. Le Financial Times en avait déjà parlé en novembre 2024, évoquant la volonté de la multinationale de se désengager de marchés « non stratégiques ». Il s’agit notamment de l’Italie, la Belgique, la Pologne et la Roumanie. « Nous allons décider de céder ou d’unir nos forces pour certaines activités ou chaînes. Nous serons très actifs dans les mois à venir », avait annoncé le PDG Alexandre Bompard lors de la récente assemblée générale du distributeur. Ces dernières années, Carrefour s’est retiré de pays tels que la Chine (2019), Taïwan (2022), la Jordanie et Oman (2024).

Des grèves chez Carrefour en Italie

Notons que les rumeurs d’une cession des activités en Italie apparaissent dans un contexte de tension entre les salariés et la direction. Il y a un mois, les hypermarchés Carrefour de Turin ont été le théâtre d’une grève très suivie. Les grévistes ont dénoncé principalement la gestion algorithmique des équipes, le manque de personnel, la surcharge de travail et la mobilité constante entre les services et les magasins. Les plaintes concernaient également une formation insuffisante aux changements de poste et des risques pour la santé et la sécurité, avec une hausse des accidents de travail.