« Cats Bonds », ces obligations qui permettent aux assurances de se couvrir des risques climatiques

« Cats Bonds », ces obligations qui permettent aux assurances de se couvrir des risques climatiques

Face à la multiplication des évènements climatiques extrêmes, le monde de l’assurance et de la finance se convertit aux « Cats Bonds ». Ces obligations catastrophe permettent d’externaliser le risque financier, tout en offrant des rendements élevés aux investisseurs. Ils consistent en un pari : si un désastre ne se produit pas, les investisseurs récupèrent leur mise avec souvent des intérêts à deux chiffres ; dans le cas contraire, ils peuvent tout perdre.

Depuis quelques années, les catastrophes climatiques se multiplient dans le monde sous l’effet du changement climatique. Sécheresse, canicule, inondations…Il ne se passe plus de jours sans que ces désastres ne surviennent quelque part sur la planète. Ces événements extrêmes représentent un coût financier énorme pour les compagnies d’assurance. En 2023, ils ont provoqué 228 milliards d’euros de dégâts.

Les assureurs transfèrent désormais aux marchés le risque financier des désastres climatiques

Plus que toutes les autres entreprises, les assureurs ont compris que le changement climatique augmentait le nombre et l’intensité des catastrophes naturelles. Pour éviter la faillite, ils transfèrent désormais aux marchés le risque financier des désastres climatiques en émettant des obligations climatiques. C’est ce qu’on appelle des « Cats Bonds ».

Inventées dans les années 1990, ces obligations catastrophe permettent aux compagnies d’assurance de se couvrir face à des évènements vraiment exceptionnels. Ces produits particuliers jonglent entre changement climatique et financiarisation. Autrement dit, ils fonctionnent sur la base d’un appel constant aux marchés à partir des évènements naturels.

Des Cats Bonds d’une valeur totale de 18,1 milliards de dollars émis au premier semestre

Les obligations catastrophe sont des produits financiers en vogue, face à la multiplication des évènements climatiques. Depuis le début de l’année, les marchés ont déjà émis des Cats Bonds d’une valeur totale de 18,1 milliards de dollars, d’après un article du Financial Times publié le 15 juillet. Le premier semestre 2025 est déjà supérieur à l’ensemble de l’année 2024 (17,7 milliards de dollars), qui était une année record. Visiblement, le montant devrait continuer de croître avec l’accentuation du réchauffement climatique.

Ce produit financier consiste en un pari climatique

Pour les investisseurs, les obligations catastrophe constituent un pari. Concrètement, ils déposent dans un véhicule financier dédié une somme demandée par l’émetteur des titres, et parient que la catastrophe climatique n’aura pas lieu. S’ils ont vu juste, ils récupèrent leur mise à l’échéance (au bout de trois à cinq ans) et touchent un intérêt annuel. En revanche, si l’évènement climatique a lieu, les investisseurs peuvent perdre tout ou partie de leur mise. Cet argent perdu revient alors à l’assureur qui s’en sert pour couvrir les remboursements qu’il a dû effectuer aux assurés.

Des experts de divers domaines mobilisés lors de l’émission de Cats Bonds

Compte tenu des enjeux, les Cats Bonds sont une affaire de spécialistes. L’émission d’un titre bond réunit autour de la table l’émetteur, des juristes, des banquiers, des cabinets de conseils et des experts en modélisation climatique pour établir des conditions techniques et financières très précises. Les risques de catastrophes naturelles sont simulés sur plusieurs années par des sociétés spécialisées comme Perils. Ce cabinet suisse indépendant collecte les informations relatives aux sinistres et fait des prévisions. Il émet la plupart des indices utilisés en Europe pour déclencher les Cat Bonds.

Les Cats Bonds, des produits risqués ?

Pour les assureurs, les obligations catastrophe permettent donc de se couvrir en cas de coûts financiers énormes suite à un phénomène climatique extrême. Elles les aident aussi à diversifier et équilibrer leurs portefeuilles. De leurs côtés, les investisseurs sont davantage attirés par les promesses de gains juteux.

Pour certains analystes, ces Cats Bonds restent des produits risqués car les mathématiques financières et économiques ne peuvent pas toujours prévoir juste. Aussi, les calculs ne prennent pas en compte le caractère immense et dramatique des risques encourus avec les catastrophes climatiques. Pour ces économistes, le système financier international actuel ne permet pas d’assurer suffisamment de stabilité, de cohérence et de résistance face à des risques systémiques importants comme on en a aujourd’hui.