Collecte et tri des vêtements : la contribution des marques de mode rehaussée

Collecte et tri des vêtements : la contribution des marques de mode rehaussée

Un arrêté ministériel a officialisé la hausse de la contribution payée par les marques de mode pour la collecte et le tri des vêtements usagés. Le montant s’élève désormais à 223 euros par tonne de déchets textiles triés en 2025, contre 156 euros la tonne auparavant. Selon les acteurs de la filière, cette hausse traduit une évolution du cadre réglementaire et des engagements en matière de RSE.

La filière de la collecte, du tri et du recyclage des vêtements usagés vit une crise depuis un bon moment. Pour l’en extraire, le gouvernement a pris un arrêté ministériel, le vendredi 15 août 2025, officialisant la revalorisation de la contribution financière des marques de mode ou eco-contribution.

Près de 50 millions d’euros supplémentaires cette année pour la filière de la collecte et du tri des vêtements

Ce montant, qui fonctionne sur le principe du « pollueur-payeur », s’élève désormais à 223 euros par tonne de déchets textiles triés, contre 156 euros la tonne auparavant. Ce qui représente un soutien de 49 millions d’euros pour cette année. En 2026, cet effort financier sera porté à 228 euros par tonne, soit un soutien prévisionnel de 57 millions d’euros. Cette hausse de la contribution textile s’inscrit dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs (REP) imposée aux industriels de l’habillement.

La collecte et le tri des vêtements dans une mauvaise période

La décision du gouvernement de revaloriser la contribution textile intervient dans un contexte critique pour la filière de la collecte et du tri des vêtements usagés. Ce secteur fait face à une explosion des volumes collectés, liée à l’essor de la fast fashion et aux dons massifs, ainsi qu’à une saturation des centres de tri, incapables d’écouler tous les vêtements usagés.

La filière est également confrontée à une chute des débouchés internationaux, notamment vers l’Afrique, où plusieurs pays ont restreint les importations de seconde main d’Europe pour se tourner vers les vêtements neufs ou des fripes venant d’Asie, généralement moins chers. Chaque année, environ 270 000 tonnes de vêtements usagés sont collectées et triées en France, et 60% de ce volume est revendu en fripe, dont 90% à l’étranger.

Le Relais accuse Refashion de vouloir asphyxier la filière de la collecte et du tri des vêtements

La filière du tri et de la collecte de déchets textiles, qui représente 3 000 emplois (dont 2 000 pour Le Relais), relève en outre une baisse de la valeur des matières recyclées, qui ne compense plus les coûts croissants de la collecte. En 2023, sur 810 000 tonnes de textiles mises sur le marché en France, seuls 36 % ont été collectés, 14 % réemployés et 7 % recyclés, selon un rapport du Sénat publié cette année. Face à cette situation, les structures de collecte et de tri alertent depuis 2024 sur l’effondrement économique de leur modèle.

L’entreprise d’insertion Le Relais, elle, rend responsable Refashion, l’éco-organisme chargé de recueillir et de verser la contribution financière des marques de mode. Elle l’accuse de vouloir « asphyxier la filière » au profit des enseignes, dont certaines disposent de leur propre service de vente de vêtements de seconde main.

Une mesure d’urgence insuffisante

En guise de protestation, Le Relais a suspendu temporairement sa collecte en France en juillet dernier et organisé des actions spectaculaires, comme le déversement de vêtements devant des enseignes (Decathlon, Okaïdi, Kiabi…), pour alerter les pouvoirs publics. Pour apaiser les acteurs du tri et de la collecte de vêtements, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher s’était engagée en juillet à revaloriser la contribution textile des marques de mode. Cependant, cette hausse constitue une mesure d’urgence, qui permet d’éviter une rupture immédiate des activités. Elle ne règle pas les problèmes structurels.

Une stratégie à long terme plus judicieuse

Les associations de réemploi et de recyclage appellent donc à une stratégie de long terme, qui permettrait de mieux gérer les déchets des près de 700 000 tonnes produites par l’industrie textile chaque année. Le gouvernement a promis une réforme de la REP textile à compter du 1er janvier 2026. Il assure vouloir rendre le modèle économiquement viable, en améliorant les débouchés du recyclage et en favorisant l’écoconception pour réduire en amont la masse de vêtements jetés.

D’ici là, l’exécutif exhorte les acteurs économiques à anticiper le coût croissant de la prise en charge de leurs produits en fin de vie et à intégrer les évolutions réglementaires dans leur démarche RSE. Pour cela, ils doivent placer l’écoconception, la circularité et le partenariat avec la filière solidaire au cœur de leur stratégie.