Taxe Zucman : une large majorité des Français adhérent à l’idée

La taxe Zucman, un impôt plancher de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, fait débat dans la sphère politique et économique. Mais pour une large majorité des citoyens français, elle s’impose pour une justice fiscale et sociale. C’est ce qui ressort d’un sondage commandée par le Parti socialiste à l’institut Ifop.
A la veille de la rencontre entre le Premier ministre Sébastien Lecornu et les socialistes, le mercredi 17 septembre à Matignon, Le Parisien a publié une enquête d’opinion Ifop commandée par le PS. Ce sondage montre que les Français, peu importe leur sensibilité politique, plébiscitent les mesures portées par le parti d’Olivier Faure. « Force est de constater qu’il y a une adhésion majoritaire, parfois écrasante, aux principales mesures proposées, qui va bien au-delà de l’audience électorale du Parti socialiste », a commenté Frédéric Dabi, directeur général de l’institut Ifop.
Plus de 86% des sondés favorables à la taxe Zucman
Selon cette enquête réalisée par questionnaire auto-administré en ligne, du 10 au 11 septembre 2025, 86% des sondés sont favorables à la création de la taxe Zucman, un impôt plancher de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Parmi les plus convaincus figurent les sympathisants Renaissance (92%) et les militants LR (89%). Ce qui prouve que cette mesure, vue comme de gauche, dépasse largement les clivages politiques pourtant forts en France. Ces résultats montrent aussi que les Français ont soif de justice sociale et fiscale.
Une idée de l’économiste franco-américaine Gabriel Zucman
Inscrite dans le contre-budget du Parti socialiste présenté à Blois fin août, la taxe Zucman est une idée de l’économiste franco-américaine Gabriel Zucman. Elle a été proposée en juin 2024 dans un rapport sur la taxation des ultrariches à la demande du Brésil, dans le cadre de sa présidence du G20.
Cet impôt plancher de 2% cible le patrimoine des plus hauts revenus, ceux qui dépassent les 100 millions d’euros (soit 1.800 foyers fiscaux en France). Selon son promoteur, une telle mesure permettrait à l’État de récupérer 20 milliards d’euros par an. Une belle somme, au regard du déficit public actuel, qui atteint 5,8 % du PIB.
La taxe Zucman vise aussi le patrimoine professionnel
De nombreux élus, de gauche principalement, considèrent la taxe Zucman comme un moyen de renforcer la cohésion sociale, en rééquilibrant l’effort fiscal du côté des plus fortunés dans un contexte de fortes tensions économiques et sociales. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a déjà fait part de sa réticence à imposer cette mesure, même s’il reconnait que cet impôt pose « des questions de justice fiscale ».
Comme son prédécesseur François Bayrou, il craint un exil des plus riches dans des pays plus souples comme l’Italie et met en garde les conséquences sur les emplois avec l’intégration du patrimoine professionnel. En effet, la taxe Zucman ne vise pas seulement les revenus déclarés au fisc. Elle s’attaque aussi au capital professionnel car une large part de la richesse des tranches les plus aisées provient des bénéfices des sociétés détenues.
Les grands patrons vent debout contre la taxe Zucman
Sans surprise, les patrons voient d’un mauvais œil la taxe Zucman. Le directeur général de la banque d’investissement Bpifrance, Nicolas Dufourcq, la qualifie de « truc complètement absurde ». Pour lui, c’est clairement « une histoire de jalousie à la française ». Arthur Mensch, fondateur de Mistral AI, le fleuron français de l’intelligence artificielle, avertit déjà qu’il « ne pourrait pas payer » une telle taxe en l’état » même s’il est « convaincu qu’il faut plus de justice fiscale ». De son côté, Patrick Martin, président du Medef, l’organisation des patrons de France, a annoncé qu’une grande mobilisation patronale sera organisée, si les impôts des entreprises augmentaient dans le cadre du budget 2026. Ce qui serait assez inédit car les dirigeants n’ont pas l’habitude des manifs.
Vers des solutions alternatives ?
Alors que le débat s’enflamme dans l’attente du budget, certaines voix s’attendent à une censure de la taxe Zucman par le Conseil constitutionnel. En 2012, les Sages avaient déjà censuré la taxe de 75 % sur les revenus supérieurs à un million d’euros, une mesure phare de campagne de François Hollande. Selon eux, cette idée méconnaissait le principe d’égalité des charges. Ils avaient aussi retoqué les modalités de calcul du plafonnement de l’ISF (Impôt sur la fortune).
Au niveau du Parlement, on ne peut pas attendre grand-chose également, entre une Assemblée nationale favorable (à majorité de gauche) et un Senat opposé (dominé par la droite et le centre). Face aux divergences, certains Macronistes appellent à des solutions alternatives. Par exemple taxer les plus riches sans recourir à la taxe Zucman.