Budget 2026 : Sébastien Lecornu tenté par le recours au 49.3

Budget 2026 : Sébastien Lecornu tenté par le recours au 49.3

Après l’adoption de la loi spéciale mardi, les sénateurs et députés doivent reprendre les débats sur le budget à partir du mercredi 7 janvier. Comme lors des précédentes discussions, rien ne garantit qu’ils trouveront un compromis pour éviter à la France un « shutdown ». S’il s’y était catégoriquement opposé auparavant, le Premier ministre Sébastien Lecornu serait à présent tenté de recourir au 49.3 en cas de nouveau blocage, au risque de se voir censurer par LFI.

Après l’échec de la Commission mixte paritaire (CMP) a trouvé un compromis sur le projet de loi de finances 2026, le vendredi 19 décembre, les députés et sénateurs ont voté mardi une loi spéciale pour que l’Etat continue de fonctionner « normalement » au 1er janvier. Ce budget à minima permet au gouvernement de lever l’impôt, de financer les services publics et de payer les fonctionnaires.

Les débats sur le budget reprennent le 7 janvier

La loi spéciale est par nature temporaire. Elle doit tenir jusqu’à l’adoption d’un budget. À ce propos, la Commission des finances doit examiner la version du budget issu du Sénat, entre le 7 et le 9 janvier, avant que le texte ne repasse par l’Assemblée nationale. « Il faut trouver un budget en janvier », a prié Sébastien Lecornu. Le Premier ministre se dit persuadé qu’un compromis reste possible en respectant le plafond des 5% de déficit. Il compte y travailler avec les membres de son gouvernement, s’il le faut pendant les fêtes de fin d’année.

Sébastien Lecornu a promis de ne pas recourir au 49.3

Si Sébastien Lecornu se veut optimiste, il sait aussi que rien n’est gagné avec les divisions profondes observées à l’hémicycle. En cas de nouveau blocage, le Premier ministre a la possibilité de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de passer outre le Parlement pour faire adopter le budget.

Mais, il y a trois mois, il avait exprimé un refus catégorique face à cette option, dans une grande démocratie comme la France. « J’ai décidé de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution (…). Dans un Parlement qui fonctionne, un Parlement, en plus, qui ressemble aux Français, avec ses divisions, on ne peut pas passer en force et on ne peut pas contraindre son opposition », avait-il déclaré sur le perron de Matignon, le 3 octobre 2025.

La promesse politique n’engage que celui qui y croit

Cependant, selon Le Parisien, Sébastien Lecornu ne serait plus fermement opposé à un recours à cet article en cas de nouvel échec sur le budget. S’il y pense vraiment, le locataire de Matignon renierait ses principes. Mais que vaut une promesse en politique ? D’ailleurs, plusieurs personnalités politiques l’y encouragent, comme ses anciens alliés LR. Philipe Juvin, le rapporteur du parti pour le budget l’enjoint de « se sentir libéré de sa promesse dans les quinze premiers jours de janvier ». Quant au chef du parti Bruno Retailleau, il avait déjà demandé au Premier ministre, dans les colonnes de Ouest-France, de « se saisir » du 49.3 dès le début du mois de décembre.

Plusieurs personnalités politiques appellent Sébastien Lecornu à se tourner vers le 49.3 s’il y a un nouveau blocage sur le budget

Gérard Larcher, le président du Sénat, Élisabeth Borne, l’ancienne Première ministre, Marc Fesneau, le président du groupe MoDem, ou encore François Hollande, l’ex-président socialiste, ont également appelé Sébastien Lecornu à se tourner vers ce recours constitutionnel pour sortir la France de l’impasse budgétaire. Mais, il faudrait obtenir le soutien du parti socialiste, un poids lourd de l’Assemblée nationale. Selon Marc Fesneau, qui s’exprimait sur TF1, le parti d’Olivier Faure « sera d’accord pour un 49.3 » car « ce sont des gens responsables ». C’est à voir…

LFI menace de censurer Sébastien Lecornu en cas de recours au 49.3

Si le PS se range derrière Sébastien Lecornu, il y aura toujours le problème LFI. Le parti de Jean-Luc Mélenchon a menacé de déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale en cas de recours au 49.3 par le Premier ministre. Sébastien Lecornu a forcément en mémoire la chute du gouvernement Barnier en décembre 2024 après une motion de censure.

Pour sauver sa tête et celle de son équipe, il devrait obtenir le vote favorable de tous les autres partis à l’hémicycle. Ce qui est possible. Pour l’heure, ce scénario reste de l’ordre des hypothèses. Plus optimistes, certains élus pensent que leurs collègues Insoumis finiront par voter le budget pour passer à autre chose, parce que les municipales arrivent dès le 22 février 2026.