Smic : le groupe d’experts déconseille un coup de pouce

Le groupe d’experts sur le Smic recommande au gouvernement de ne pas donner un coup de pouce au salaire minimum en 2026. Autrement dit, l’exécutif doit s’en tenir à la hausse mécanique de 1,4% dès le 1er janvier prochain. Ils expliquent leur préconisation par le ralentissement du marché du travail et une inflation restée faible aux alentours de 1%.

Comme chaque année à la même période, le groupe d’experts sur le Smic a remis au gouvernement et aux partenaires sociaux, le jeudi 27 novembre, son rapport annuel dans lequel il formule des recommandations sur l’évolution du salaire minimum. Sans surprise, il préconise une nouvelle fois de ne pas donner de coup de pouce au Smic, et donc de se contenter de la revalorisation automatique qui prend notamment en compte l’inflation. Prévue par le Code du Travail, cette bonification mécanique devrait conduire à une hausse autour de 1,4% au 1er janvier 2026, soit au-dessus de l’inflation attendue (proche de 1%). Cela représenterait une augmentation d’environ 20 euros nets par mois, portant le Smic mensuel à environ 1 426,30 euros nets pour un temps plein.

Le Smic automatiquement indexé à l’inflation chaque 1er janvier 

Le groupe d’experts explique sa recommandation par le ralentissement du marché du travail, le niveau élevé du Smic par rapport au salaire médian et le coût très important des exonérations de charges patronales sur les bas salaires. En France, chaque 1er janvier, le alaire minimum est indexé à l’inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et revalorisé de la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier et employé.

Au-delà de cette hausse automatique, le gouvernement peut donner un coup de pouce, c’est-à-dire opérer une hausse plus importante. Le dernier coup de pouce remonte à juillet 2012, au lendemain de l’élection de François Hollande à la présidentielle. C’est le Premier ministre qui en fixe le niveau. Au 1er novembre 2024, environ 2,2 millions de salariés du secteur privé bénéficiaient de ce dispositif, soit 12,4% d’entre eux, selon les données du ministère du Travail.

Les experts veulent réformer le système socio-fiscal français 

Depuis sa création en 2008, le groupe d’experts n’a jamais préconisé de coup de pouce au Smic. Dans, son nouveau rapport, il explique que lorsque le salaire minimum s’approche trop du salaire médian, le risque pèse davantage sur l’emploi des moins qualifiés. Pour lui, la priorité n’est pas de rehausser le Smic, qui a déjà beaucoup progressé ces dernières années, mais de réformer un système socio-fiscal devenu trop complexe et générateur de fortes distorsions.

Les experts font plusieurs recommandations en ce sens. Ils plaident pour une évolution de la règle d’indexation du salaire minimum, une refonte de l’articulation entre prime d’activité et cotisations, et un meilleur suivi des aides locales pour protéger les ménages modestes. Ils préconisent en outre de recentrer les allègements de cotisations sur les rémunérations proches du alaire minimum afin de réduire les trappes entre 1,2 et 2 Smic.

Le Smic français l’un des plus proches du salaire médian en Europe 

Réagissant au rapport du groupe d’experts, la CFDT estime qu’un coup de pouce aurait été « bienvenu » cette année. De son côté, la CGT revendique un Smic à 2 000 euros brut. « La préoccupation première de la population, ce sont les salaires », a déclaré son secrétaire confédéral, Thomas Vacheron, qui pense qu’il faut « supprimer ce groupe d’experts de la non-augmentation du Smic ».

Avec Solidaires et la FSU, le syndicat appelle à faire grève et à manifester pour les salaires ce mardi 2 décembre. En France, le salaire minimum représentait 62,5 % du salaire médian en 2024 et 50,4% du salaire moyen. C’est l’un des taux les plus élevés d’Europe avec l’Allemagne. Ce niveau est supérieur aux repères fixés par la directive européenne sur les salaires minimums adéquats. Il aurait pour conséquence de comprimer l’échelle salariale.