Rémunération des patrons de banques : les Français sont les moins bien payés

Rémunération des patrons de banques : les Français sont les moins bien payés

Alors qu’ils sont régulièrement pointés du doigt dans leur pays, les patrons des grandes banques françaises ont les salaires les plus bas d’Europe. Ils ne dépassent pas en moyenne 3 millions d’euros, alors que leurs collègues européens côtoient les 10 millions et les Américains plus de 30 millions.

C’est connu. Les Français sont le peuple le plus râleur au monde. Ils se plaignent de tout et acceptent difficilement un mode de vie ostentatoire. Ce comportement les pousse à critiquer les dirigeants de grandes banques, qui seraient payés plus que de raison. Si c’est globalement le cas (face au revenu moyen en France), la rémunération des patrons de banques tricolores peut sembler « ridicule » comparée à celle de leurs homologues européens, britanniques et américains.

Sergio Ermotti d’UBS Group, le mieux rémunéré en Europe 

Selon les données recueillies par Bloomberg, le DG de banque le mieux payé en Europe (hors Royaume-Uni) est Sergio Ermotti d’UBS Group (Suisse) avec 14,9 millions de francs suisses perçus en 2024 (15,6 millions d’euros). Mais en zone euro, c’est la présidente exécutive de Santander (Espagne), Ana Botin, qui affiche le revenu le plus élevé, à 14,9 millions d’euros. Elle est suivie par Andrea Orcel d’UniCredit (Italie) et ses 13,2 millions d’euros. Ce dernier profite d’une augmentation de son salaire de 32%. C’est la plus forte hausse parmi ses pairs.

Slawomir Krupa, le mieux payé parmi les patrons de banques françaises 

Les patrons des banques françaises sont très loin de ces niveaux. Ils ont des revenus quatre fois, voire six fois moins importants. En Hexagone, le mieux rémunéré est Slawomir Krupa, DG de la Société Générale. Il a touché 5,4 millions de dollars en 2024. Slawomir Krupa devance Jean-Laurent Bonnafé de BNP Paribas (4,7 millions), Philippe Brassac du Crédit Agricole et Nicolas Namias de BPCE (tous deux à 2,8 millions ). Daniel Baal, président du Crédit Mutuel, ne perçoit que 1,4 million d’euros.

En queue de peloton, presque exclusivement des patrons de banques françaises 

Le bas du tableau est d’ailleurs presque exclusivement composé par des dirigeants français. Seul Steven van Rijswijk d’ING Groep (Pays-Bas) côtoie les DG tricolores en queue de peloton avec 2,9 millions d’euros. Comment expliquer ces écarts ? Les banques françaises n’ont pas donné d’explications mais UBS et Unicredit ont défendu la rémunération de leurs patrons. Le groupe suisse a déclaré que le salaire de Sergio Ermotti est en grande partie lié aux résultats exceptionnels de l’entreprise sous sa direction. De son côté, l’institution italienne évoque une forte croissance des bénéfices en 2024.

La rémunération des patrons de banques françaises peut sembler incompréhensible 

Dans son ensemble, le secteur bancaire européen a bénéficié de la hausse des taux d’intérêt et d’un marché favorable en 2024. Ce qui a permis à plusieurs grandes banques de réaliser des bénéfices exceptionnels et de distribuer de généreuses primes à leurs actionnaires, dirigeants et employés. Même expliqué comme cela on ne comprend toujours pas le niveau des revenus des dirigeants de banques françaises. D’autant que les groupes tricolores sont mieux valorisés que les autres établissements européens. Comme Deutsche Bank (Allemagne), qui paie pourtant son dirigeant, Christian Sewing, à 10,6 millions. Soit plus du double de la rémunération de Jean-Laurent Bonnafé et près de quatre fois celle de Philippe Brassac.

Les Britanniques mieux payés que leurs collègues européens 

Certains analystes pensent que ces écarts s’expliquent en partie par le poids du modèle des banques mutualistes dans l’Hexagone. Cette situation aurait pu affecter l’ensemble du secteur, y compris les établissements à visée purement capitaliste. Au Royaume-Uni, ce n’est pas le cas. Ce qui permet aux dirigeants d’avoir des revenus très confortables. Ainsi, le patron de Barclays, C.S. Venkatakrishnan, touche 13,6 millions d’euros, tandis que Georges Elhedery, DG de HSBC, perçoit 7 millions. Ce dernier devrait voir sa rémunération pratiquement tripler en 2025, à près de 20 millions.

Les Américains ne font pas dans la dentelle 

Mais tous ces revenus sont très inférieurs à ceux des patrons américains. En effet, les banques US proposent pour la plupart plus de 30 millions de dollars à leurs dirigeants. Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, la plus grande banque occidentale, arrive en tête avec 39 millions de dollars, à égalité avec David Solomon de Goldman Sachs. Ils sont suivis par Brian Moynihan de Bank of America et Jane Fraser de Citigroup (plus de 34 millions de dollars chacun). Edward Pick de Morgan Stanley et Charles Scharf de Wells Fargo complètent le top 6 avec respectivement 34 et 31,2 millions de dollars. Face à ces chiffres colossaux, on est presque tentés de prendre en pitié les dirigeants de banques françaises.