Entreprise : tailler du sucre dans le dos de son manager, une pratique en vogue

Avec la libération de la parole au sein des entreprises, les employés sont de plus en plus nombreux à critiquer leur manager sur les réseaux sociaux. Cette pratique souvent à la limite du dénigrement inquiète les principaux concernés et détériore l’image de marque des organisations.
Depuis quelques années, les salariés n’hésitent plus à dénoncer les comportements « toxiques » de leur manager sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Tiktok ou encore Snapchat. La nouvelle génération d’actifs, en particulier (la Gen Z), s’est spécialisée dans cette pratique, ayant grandi dans un monde où la parole s’est fortement libérée grâce à la démocratisation des outils numériques.
Le « manager bashing », une pratique désormais répandue
Ce phénomène à la limite du dénigrement s’appelle le « manager bashing ». Selon une étude menée par le cabinet de recrutement Robert Walters, six professionnels sur 10 ont déjà parlé de leur entreprise sur les réseaux sociaux, et 32% des publications concernent le management. Des comptes ont même été créés pour se tailler du sucre dans le dos de son manager, comme Balance ton agence, Balance ton stage ou Balance ta startup. Ces pages ont pour objectif de dénoncer les comportements nuisibles et les situations de harcèlement au sein des entreprises. Les témoignages sont recueillis de manière anonyme.
Le manager, principal cible des critiques visant une entreprise
À travers cette dénonciation, les employés expriment leurs attentes. Ils veulent plus de transparence de la part des organisations et la possibilité d’évoluer dans des environnements de travail sains. Selon une étude Flash menée en janvier 2025, près de 6 entreprises sur 10 (57%) affirment avoir déjà été visées par des publications sur les réseaux sociaux. La plupart du temps, c’est le manager qui est principalement visé. Parmi les organisations ayant déjà eu connaissance de post publiés par d’anciens ou actuels collaborateurs à leur propos, 27% déclarent que ces contenus étaient négatifs, 35% les jugeaient positifs, et 38% les estimaient neutres.
Les potentiels candidats tiennent compte des avis sur les réseaux sociaux
Que ces critiques soient vraies ou fausses, elles contribuent à ternir la réputation des sociétés et menacent leurs recrutements, au moment où la main d’œuvre se fait rare. En effet, 67% des professionnels interrogés dans cette étude reconnaissent chercher des avis et témoignages de la part de collaborateurs actuels ou anciens d’une entreprise avant de la rejoindre. Aussi, 74% considèrent que ces avis impactent leur décision d’adhérer ou non à l’organisation. Au moins 7 entreprises sur dix partagent cette vision, même si celle-ci va à l’encontre de leurs intérêts.
Les entreprises doivent contrôler leur image en ligne
Dans ce contexte de pénurie de talents, les organisations professionnelles ont obligation d’agir face au « manager bashing ». Près de 8 sur 10 d’entre elles sont attentives aux contenus en ligne, tandis qu’une large majorité met en place des dispositifs pour contrôler son image. Cette surveillance passe notamment par l’adoption d’outils de veille pour suivre les mentions sur internet (43%), une communication proactive (37%), ou encore une gestion des avis en ligne (29%). Ces précautions sont nécessaires au maintien de son e-reputation. Mais il n’y a pas que ça pour éviter les mauvais rapports sur les réseaux sociaux.
De l’importance de rassurer un manager traumatisé par des critiques
Les entreprises doivent mettre en place d’autres mesures. Comme rassurer les managers, souvent terrorisés et craignant que leurs moindres faits et gestes soient dénoncés sur les réseaux sociaux. La peur de faire l’objet de ragots sur Internet décourage certains salariés d’accepter ce poste. La direction peut également proposer de former les managers à la gestion des équipes. En outre, elle gagnerait à sensibiliser les nouveaux collaborateurs au droit du travail, en leur rappelant qu’ils ont aussi des devoirs, dont celui du silence.