Neobanque : Revolut veut entrer en Afrique par le Maroc

Neobanque : Revolut veut entrer en Afrique par le Maroc

Depuis août, la neobanque britannique Revolut mène des discussions avec la banque centrale du Maroc en vue d’une éventuelle entrée sur le marché local. Si elle posait sa valise dans le Royaume, ce serait sa première incursion en Afrique, où la digitalisation progresse rapidement.

La néobanque britannique Revolut a entamé, en août 2025, des discussions avec la banque centrale du Maroc, Bank Al-Maghrib, en vue d’une éventuelle entrée sur le marché local. Si la fintech finalisait les discussions, elle ferait du Royaume sa première base africaine, après avoir conquis l’Europe, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, le Japon, Singapour et le Brésil.

Revolut a mandaté Amine Berrada pour piloter les premières implantations

Pour piloter ce déploiement au Maroc, Revolut a recruté Amine Berrada. L’ancien directeur des opérations d’Uber en Europe du Sud et de l’Est a lui-même annoncé sur LinkedIn sa prise de fonction en tant que Head of Operations pour le Royaume chérifien, afin de piloter les premières implantations. Pour l’instant, Revolut étudie le marché et attend l’octroi d’une licence bancaire auprès de Bank Al-Maghrib pour pouvoir proposer ses services financiers numériques.

Des commissions encore très élevées au Maroc

Les discussions entre Revolut et Bank Al-Maghrib ont porté sur les lacunes des services bancaires marocains et les besoins des consommateurs. Les lacunes réglementaires peuvent constituer des obstacles pour la fintech européenne. En particulier lorsqu’elles apparaissent dans la protection des consommateurs et la confidentialité des données, ainsi que dans les dispositifs de garanties transfrontalières, courantes en Europe et aux États-Unis. Concernant les besoins des consommateurs, en particulier, il y a la question des commissions, qui restent une source de revenus essentielle pour les banques. Ces frais se situaient entre 1 000 et 2 000 dirhams par an en 2024, soit 95 à 190 dollars.

Revolut arrive dans un pays très bancarisé

Selon Bank Al-Maghrib, les commissions représentaient 14 % du revenu net des banques marocaines l’année dernière, soit près de 10 milliards de dirhams. Bien qu’en baisse par rapport aux années précédentes, cette part reste importante. Les banques historiques telles que Attijariwafa Bank, BCP et BMCE comptent énormément sur ces frais. Elles ont refusé de commenter les intentions de Revolut au Maroc, mais devraient se faire du souci car les neobanques ont des offres très agressives.

L’arrivée de cet acteur européen devrait d’autant les inquiéter que les régulateurs marocains ont déjà préparé le terrain. Ils ont interdit les frais pour les paiements électroniques de factures dans le but de stimuler la numérisation et l’inclusion financière. Le taux de bancarisation du Royaume chérifien s’élevait à 58% en 2024, soit le plus élevé en Afrique.

Des services de paiement, des cartes multi-devises et des transferts internationaux sans frais

Dans son projet d’implantation au Maroc, Revolut compte d’abord lancer des services de paiement, avec l’ouverture rapide de comptes. La fintech prévoit ensuite de proposer très vite des cartes multi-devises et des transferts internationaux sans frais. Elle devrait se dépêcher d’autant que les fonds envoyés par la diaspora sont substantiels. Ils atteignaient plus de 117 milliards de dirhams (11,4 milliards de dollars) en 2024, mais sont soumis à des frais. Si tout se passe bien, la neobanque anglaise envisage de demander une licence bancaire complète dans les deux ans. Objectif : élargir son offre à l’épargne, aux prêts et aux investissements.

Revolut pourrait remodeler le marché bancaire marocain

Si Revolut entrait au Maroc, elle pourrait remodeler le marché de la banque de détail local, avec son offre agressive et son business model. La startup a tous les atouts pour séduire les Marocains, surtout les jeunes utilisateurs et les expatriés (5 millions de personnes) en quête de solution moins chère. Le Maroc représente pour elle un marché stratégique en raison de sa population jeune et connectée, ainsi que de sa position géographique favorable pour les transactions avec l’Europe.

Fondée à Londres en 2015, Revolut est une banque 100 % numérique, Elle compte près de 60 millions d’utilisateurs à travers le monde et sa valorisation est estimée à 41 milliards d’euros. En 2023, son chiffre d’affaires a atteint 1,8 milliard de livres sterling (environ 2,1 milliards d’euros).