Soudan : BNP Paribas rattrapée par son passé 

Soudan : BNP Paribas rattrapée par son passé 

BNP Paribas a été condamné par un jury fédéral américain, à verser 21 millions de dollars à trois réfugiés soudanais pour complicité d’exactions sous le régime d’Omar el-Béchir. La banque française a facilité des transactions ayant servi à financer les milices responsables du génocide au Darfour. 

Vendredi 17 octobre 2025, un jury fédéral à Manhattan a condamné BNP Paribas à verser 21 millions de dollars de dommages et intérêts à trois réfugiés soudanais, pour complicité d’exactions sous le dictature d’Omar el-Béchir. Les jurés américains accusent la banque française d’avoir facilité des transactions commerciales ayant servi à  alimenter l’armée et les milices du régime, responsables d’exactions et de crimes de guerre au Darfour.  Pour rappel, BNP Paribas avait continué à opérer au Soudan via sa filiale, entre la fin des années 1990 et 2009, alors même que le pays faisait l’objet de sanctions internationales.

BNP Paribas tente de minimiser les faits 

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que la banque tricolore est mise en cause pour ses activités au Soudan. En 2014, elle avait déjà écopé d’une amende record de 9 milliards de dollars pour avoir contourné l’embargo américain sur le pétrole soudanais ( mais également cubain et iranien). L’entreprise a reconnu les faits.

Pour cette nouvelle affaire, BNP Paribas essaie de minimiser la portée du jugement, face à la tempête médiatique. « Toute tentative d’extrapolation est nécessairement erronée », a indiqué le groupe dans un communiqué, tout en soulignant que la décision ne concerne que trois cas individuels. Le géant bancaire français a annoncé son intention de faire appel, estimant que sa responsabilité n’avait pas été démontrée au cours du procès.

25 000 plaignants en attente 

Si BNP Paribas pense que la décision ne concerne que trois cas individuels, la multinationale pourrait bientôt faire face à des milliers d’autres plaintes et payer des montants colossaux. En effet, au moins 25 000 plaignants seraient dans le rang. Si ceux-ci gagnent leur procès, la banque pourrait être contrainte de payer plusieurs milliards de dollars en dédommagements. Pis, cette affaire devrait aussi toucher à sa réputation internationale. En associant son image au financement du génocide du Darfour, l’établissement manque à ses engagements en matière d’éthique et de responsabilité sociale.

L’action BNP Paribas a enregistré sa plus forte chute journalière depuis mars 2023

Selon les analystes ESG, la valorisation boursière du groupe bancaire pourrait également chuter à cause du risque social lié aux accusations de violations des droits humains. Par ailleurs, les grands investisseurs institutionnels devraient exiger davantage de transparence, voire conditionner leurs placements à la clarification de ce dossier.

Le lundi suivant la décision de la justice américaine, l’action BNP Paribas a replié de 10 %, sa plus forte chute journalière depuis mars 2023. Mercredi, Barclays a abaissé sa recommandation sur l’action de la banque, invoquant l’incertitude autour des coûts potentiels d’un litige lié à son rôle dans le conflit soudanais. Le courtier britannique, qui passe de « surpondérer » à « pondération en ligne » sur la valeur, estime que cette incertitude devrait perdurer un certain temps.