Entreprises : les salariés veulent plus de transparence dans les rémunérations

Entreprises : les salariés veulent plus de transparence dans les rémunérations

Selon une enquête de l’Apec et de Terra Nova, une proportion importante des salariés du privé sont insatisfaits de leurs rémunérations. Près de la moitié d’entre eux estiment que leur paie ne reflète pas suffisamment tout ce qu’il apporte à l’entreprise en termes de compétences, d’expériences ou encore d’efforts. Ils attendent une clarification des critères présidant à l’établissement des rémunérations. Cet éclaircissement devrait advenir l’année prochaine grâce à la directive européenne sur la transparence salariale, qui imposera une meilleure visibilité sur ces critères. 

Une étude de l’Association pour l’Emploi des Cadres (Apec) et de Terra Nova, publiée le mardi 18 novembre, a sondé l’opinion et les attentes des salariés en termes de rémunérations. Elle indique qu’une proportion importante des salariés du privé affiche une insatisfaction ou une satisfaction toute relative à l’égard de leur paie. En effet, près d’un salarié sur deux estime que sa rémunération ne reflète pas suffisamment tout ce qu’il apporte à l’entreprise, en matière de compétences, d’expériences ou encore d’efforts fournis.

Même ceux qui ont des rémunérations plus élevées se plaignent 

Évidemment, les cadres, mieux rémunérés en moyenne (un salaire médian de 52 k€), affichent une moindre insatisfaction que les autres catégories socioprofessionnelles. Ainsi, 35 % d’entre eux ne trouvent pas leur salaire juste, contre 47 % parmi les professions intermédiaires, 46 % parmi les employés et 43 % parmi les ouvriers. Toutefois, même chez ceux qui touchent les montants les plus élevés, le bulletin de salaire mécontente. En cause notamment une absence de composantes variables dans la rémunération et un manque de dynamique salariale.

Six cadres sur dix envisagent de changer d’entreprise s’ils se rendent compte que leurs collègues sont mieux payés pour le même poste et les mêmes compétences

Quand on leur demande si le salaire de chacun devrait être connu de tous dans l’entreprise, 64 % des cadres interrogés répondent « oui ». Cette part monte à 71% chez les moins de 35 ans, moins patients que leurs aînés. Si les salariés souhaitent connaître la rémunération de leurs collègues, ce n’est pas par voyeurisme, jalousie ou détestation. Selon l’étude de l’Apec, ils réclament simplement ce qui leur est dû et souhaite un peu de bon sens dans l’établissement des salaires. D’ailleurs, 89 % des cadres interrogés affirment qu’ils chercheraient à négocier leur salaire s’ils se rendaient compte qu’un collègue était mieux payé pour le même poste, et avec les mêmes compétences. Pis, 61 % envisageraient carrément de changer de société, une part qui monte à 75 % chez les moins de 35 ans.

L’écart persiste entre les rémunérations des hommes et des femmes 

Les managers, eux, sont un peu moins favorables à la transparence sur les salaires. Ils craignent des tensions et du désengagement dans leur équipe. Pourtant, ils devront bien s’y faire bientôt. D’ici le 7 juin 2026, la directive européenne de 2023 sur la transparence des salaires devrait être mise en œuvre dans les entreprises de plus de 50 salariés. À partir de cette date, les employeurs seront dans l’obligation, entre autres, d’afficher des fourchettes de salaire sur les offres d’emploi, et de faire connaître aux salariés les critères objectifs de rémunération. Ils devront en outre justifier, sous peine de devoir le corriger, un écart supérieur à 5 % pour des postes équivalents. Cet écart de rémunération persiste entre femmes et hommes cadres, à poste et profil identique. Il est de 6,8 en 2025, contre 7,1% en 2019. « Une courbe totalement déprimante » pour Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.