Iran : une présidentielle sur fond d’une économie dictatoriale

Iran : une présidentielle sur fond d’une économie dictatoriale

Iran Economie Présidentielle

Alors que les présidentielles iraniennes approchent à grands pas (19 mai), Mohammad Amin, chercheur associé à la Fondation d’études pour le Moyen-Orient, dépeint auprès de La Croix une République islamique basant une grande partie de son leadership sur une main-mise totale sur l’économie domestique.

Pour comprendre ce qui se passe en Iran, un Occidental doit changer de lunettes, car le processus électoral ne ressemble en rien à celui des pays démocratiques. »

L’intéressé pose très vite les contours d’une dictature à peine déguisée dans un costume de brume démocratique, à l’image de la session présidentielle prochaine totalement orchestrée :

Le choix des candidats dépend totalement du Guide Suprême, l’ayatollah Ali Khameini. Et les six hommes qui ont été retenus par le Conseil des gardiens de la révolution l’ont été pour leur fidélité absolue à son régime. J’ajoute que sur les six qualifiés, quatre sont en réalité des figurants, des éléments de décor d’un spectacle organisé par les autorités. Reste donc deux candidats : le président sortant, Hassan Rohani, et son principal rival, Ebrahim Raisi. »

Ce dernier confirme et signe dans la foulée en stigmatisant le rôle prépondérant de l’ayatollah au sein de l’économie locale :

Dans l’étude que j’ai conduite sur l’économie iranienne de 2005 à 2015, j’ai démontré que le Guide Suprême contrôlait, directement ou indirectement, environ 60 % de l’économie du pays – du pétrole aux banques en passant par l’immobilier ou l’automobile – à travers une quinzaine de fondations ou d’institutions aux mains de l’armée, du corps des Pasdarans – les gardiens de la révolution – ou de milices. Or, cette puissance économique n’est pas mise au service du développement du pays, mais à la survie du régime à l’intérieur et à l’expansion de son influence à l’extérieur. Il s’agit d’une économie totalement sous contrôle, au service de la répression et de la guerre. Ainsi, en 2017, 70 % des 37 milliards d’euros de recettes pétrolières ont été utilisés en dépenses militaires, notamment pour faire la guerre en Syrie, en Irak ou au Yémen. C’est ce qui explique la déliquescence du pays plongé dans une grave récession et où près de 40 % de la population est au chômage. »

Une intrusion totalement contreproductive pour un pays qui pouvait pourtant se relancer via l’Accord sur le nucléaire de juillet 2014 :

L’Accord sur le nucléaire était une occasion en or pour le régime iranien de se réformer et de montrer sa bonne volonté aux Occidentaux. Mais un an et demi après, force est de constater que la situation s’est encore dégradée pour le peuple iranien. En fait, la reprise des relations commerciales avec les Occidentaux n’est qu’un moyen pour Téhéran de renforcer son pouvoir théocratique et dictatorial. Et les entreprises qui travaillent avec le régime doivent savoir qu’elles ne font que le renforcer et alimentent du même coup les guerres qu’il mène, même si c’est à leur corps défendant. »

Source : La Croix