La révolution tranquille du Kazakhstan : du soviétisme à la mondialisation

La révolution tranquille du Kazakhstan : du soviétisme à la mondialisation

Engagé sur la voie démocratique, le Kazakhstan est en avance sur ses voisins. Mais la transition n’est pas encore achevée.  De son coté, l’Europe peut faciliter cette transition, à condition de donner au pays de vraies opportunités d’ouverture. L’exposition internationale de 2017, pour laquelle le pays candidate, pourrait faire partie intégrante de cette stratégie de soutien.

 

Un déficit démocratique critiquable mais en progrès

Ancienne république soviétique, le Kazakhstan est régulièrement accusé de ne pas respecter ses engagements en matière de promotion et de défense des droits de l’homme, et ce malgré de bonnes intentions affichées, ainsi que les promesses que le pays avait faites en 2007 pour obtenir la présidence de l’Organisation pour la sécurité et de coopération en Europe (OSCE). Des réformes législatives ont bien été engagées depuis, mais le Kazakhstan reste un pays en transition.

C’est pour cela que la communauté internationale a raison de rester sévère à l’égard du Kazakhstan, mais elle devrait aussi aussi re-contextualiser une transition démocratique forcément difficile. Plus qu’un rôle de juge, l’Europe pourrait devenir acteur et faciliter l’accélération du processus de transition.

Rappelons d’abord que, dans le contexte de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), le Kazakhstan fait figure de bon élève par rapport à ses voisins d’Asie Centrale qui sont pour la majorité des régimes anti-démocratiques notoires. En outre, les Européens ont tendance à lire les mouvements d’indépendance par le prisme de leur propre histoire et des mouvements d’indépendance des États-nations. Ils ont également tendance à oublier le lourd passé soviétique qui a façonné le pays pendant des années.

L’exposition internationale de 2017 peut aider à la transition démocratique

La capitale du Kazakhstan, Astana, s’est portée depuis longtemps déjà candidate pour accueillir l’exposition internationale de 2017, exposition alternative à l’exposition universelle tout autant reconnue par le Bureau International des Expositions (BIE). Un effort manifeste d’ouverture culturelle, qui vient compléter l’ouverture économique déjà grande du pays, puissance pétrolière incontournable de la région.

Un évènement international pourrait permettre de rassembler autour des valeurs dont le pays a besoin. Se prêter au jeu d’une telle exposition, c’est accepter la venue des observateurs internationaux, et s’exposer à leurs regards critiques.

Par ailleurs, les échanges générés par une exposition de cette envergure ne se cantonnent pas au thème choisi, ici le thème énergétique.  Il s’agit aussi d’une plateforme permettant aux participants de d’échanger autour de leurs acquis aussi bien économiques, sociaux ou culturels. Un exercice de diversité et de pluralité dont a besoin une démocratie en devenir. La localisation stratégique du pays, liant Europe et Asie centrale, rend la diffusion géographique des savoirs d’autant plus intéressante.

Ce que la communauté internationale peut en tirer

Donner au Kazakhstan l’opportunité d’héberger l’évènement ne constitue pas pour autant un acte charitable pur de la part de la communauté internationale, qui devrait plutôt y voir un échange de bons procédés. Car le Kazakhstan se propose, à travers le thème qu’il s’est choisi, « Énergie du futur », d’accélérer le calendrier énergétique international en mettant sur le tapis un sujet hautement prioritaire.

Il détient des réserves de pétrole, de gaz et d’uranium qui le place au 6ème rang mondial en termes de volume de ressources naturelles, ainsi qu’un potentiel industriel important et un personnel qualifiées. Pour autant, le pays n’ignore pas que ses ressources ont une fin et qu’il faut préparer les nouvelles bases de son économie de demain. A ce double titre, il est l’un des acteurs les mieux placés pour débattre de questions liées à l’énergie durable. De leur coté, les autorités ont d’ailleurs mis en œuvre un programme de reconversion vers un autre type d’économie utilisant les ressources de l’énergie écologiquement propre.

Le BIE rendra son verdict ce jeudi 22 novembre. Si la décision finale se fait en faveur du Kazakhstan, une chance pour ce pays trop souvent oublié, espérons qu’il saura mettre à profit l’opportunité qui lui sera donnée d’accomplir ses promesses démocratiques.

Face à lui, la ville de Liège, qui a moins besoin de notoriété internationale qu’Astana, n’aurait par ailleurs, d’après la déclaration d’un élu municipal, plus les moyens financiers d‘accueillir  une telle manifestation, crise oblige. Affaire à suivre…

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