Economie circulaire : des efforts insuffisants en France comme en Europe

Economie circulaire : des efforts insuffisants en France comme en Europe

24764_uneRemis au goût du jour par la loi sur la transition énergétique, le concept d’économie circulaire est aujourd’hui en vogue en France comme en Europe. Pour autant, les progrès sont minces et l’Hexagone accuse un retard certain en la matière. Dernier exemple en date : les sacs plastique, qui seront manifestement interdits par le gouvernement en 2016, représentent pourtant un potentiel énorme pour le développement de l’économie circulaire en France.

L’Europe aux portes de l’économie circulaire 

Économie de matières premières, création d’emplois, innovation, perspectives de croissance, adaptation aux nouveaux besoins des consommateurs : les promesses de l’économie circulaire sont nombreuses. La logique linéaire du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », quasi omniprésente dans nos économies, ne peut perdurer et le contexte économique se prête désormais davantage à la sauvegarde et au réemploi des matières premières.

Le nouveau paquet sur l’économie circulaire présenté le 2 décembre dernier par la Commission européenne, a détaillé les nouveaux objectifs en terme de réduction des déchets et de recyclage. Ce texte prévoit l’objectif commun pour l’UE de recycler 65% des déchets municipaux et 75% des déchets d’emballages d’ici à 2030, et annonce l’adoption de définitions simplifiées et de méthodes de calcul harmonisées des taux de recyclage dans l’ensemble de l’Union. Des objectifs décevants pour l’ensemble des ONG et professionnels du secteur, au regard des perspectives de développement et du retard pris par l’Europe dans les filières industrielles de revalorisation.

L’économie circulaire en France ou l’illusion d’une croissance durable

Présentée en France comme le moyen d’une sortie de crise désespérée, l’économie circulaire ne décolle pas. Les chiffres sont dans l’ensemble peu flatteurs même si quelques exemples de recyclage réussis et rentables se multiplient dans l’industrie et tiennent le haut de l’affiche. Au final, moins de 30% des ordures ménagères collectées sont triées et atteignent une installation de recyclage ou de compostage. La France accuse également un retard important dans la gestion des déchets du BTP (dont une grande partie peuvent être réutilisés), sans parler des déchets du secteur tertiaire qui ne sont même pas triés dans de nombreuses entreprises.

« Même si on parle de plus en plus d’économie circulaire, dans les faits, on a une économie linéaire qui prend le pas sur l’économie circulaire, pour des raisons tout simplement économiques. Car le faible prix des matières vierges les rend plus compétitives que les matières issues du recyclage », explique dans les Techniques de l’ingénieur Jean-Philippe Carpentier, Président de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec).

Cela étant, le concept d’économie circulaire a bel et bien fait son entrée dans la législation française, via la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Permettant aux entreprises de se lancer dans l’économie circulaire, cette loi utilise comme levier de développement la commande publique qui représente annuellement entre 70 et 90 milliards d’euros. Un coup de fouet qui espérons-le permettra de dynamiser une filière amorphe et inadaptée aux perspectives de développement annoncées depuis plusieurs années.

Le recyclage des plastiques, l’exemple d’un potentiel inexploité 

Considéré ici comme le nerf de la guerre, le recyclage des déchets industriels et ménagers constitue donc un des enjeux majeurs de l’économie circulaire. Mais tandis que le recyclage du plastique offre par exemple de nombreuses opportunités, le gouvernement préfère l’interdire à la distribution plutôt que mettre en place un véritable circuit de retraitement de la matière. Une mesure contestable non seulement sur le plan économique – l’industrie de la sacherie plastique emploie environ 3000 personnes, soit autant de postes menacés –, mais également écologique : les plastiques biosourcés et autres sacs en papier, qui ont vocation à remplacer les plastiques, sont loin d’être vertueux.

L’Europe disposerait actuellement d’un gisement équivalent à un milliard de barils de pétrole sous forme plastique, rien qu’en accumulant ses déchets. Pourtant, la France stagne depuis plusieurs années dans ce domaine avec seulement 23% des déchets plastiques recyclés. En 2011, sur les 3,3 millions de tonnes de déchets plastiques générés dans le pays, 40% ont été mis en décharge et seulement 60% (20% sont recyclés et 40% valorisés) ont été transformés. Les processus de recyclage et de revalorisation énergétique des plastiques sont pourtant très prometteurs et adaptables à de nombreux domaines d’activité gourmands en énergie ou en chaleur comme la cimenterie ou l’approvisionnement des réseaux de chaleur urbains.

 

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