« L’émergence » africaine, au cœur des débats à Abidjan

« L’émergence » africaine, au cœur des débats à Abidjan

La capitale ivoirienne a accueilli à la fin du mois de mars deux évènements internationaux majeurs: le Forum des marchés émergents sur l’Afrique et la deuxième édition de la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique. L’émergence représente un pari ambitieux mais pas inatteignable pour certaines économies du continent, notamment pour la Côte d’ivoire.

Des opportunités à saisir

« L’Afrique dans 40 ans», tel était le thème de la cinquième édition du Forum des marchés émergents sur l’Afrique (FME). L’occasion pour le chef d’Etat Alassane Ouattara, présent à l’ouverture, de réunir des décideurs politiques et les leaders du monde des affaires pour débattre des questions économiques et sociales auxquelles les économies émergentes sont confrontées.

Selon les projections de la Banque africaine de développement (BAD), d’ici 2060 « l’Afrique aura toutes les chances de réaliser son ambition de créer une zone économique dynamique, diversifiée et compétitive, dans laquelle des sociétés pacifiques, stables et dynamiques ne connaîtront plus l’extrême pauvreté ».

En attendant, l’explosion démographique du continent africain (la population devrait passer de 1,2 à 2 milliards d’habitants d’ici 30 ans) représente un défi majeur à relever pour les prochaines décennies. Cette croissance démographique s’accompagne déjà de l’émergence d’une classe moyenne connectée et urbanisée. De fait, le marché économique des produits haut de gamme pourrait représenter en 2019, selon une étude de l’IFOP… plus de 5 milliards de dollars !

À l’échelle d’un pays comme la Côte d’Ivoire, les perspectives démographiques nécessitent d’investir massivement dans l’éducation et la formation, vecteurs de développement économique. Si le pays compte aujourd’hui environ 22 millions d’habitants, la Côte d’Ivoire pourrait voir sa population dépasser la barre des 30 millions d’habitants d’ici 2030.

L’émergence : un pari ambitieux

La même semaine, la capitale ivoirienne accueillait un autre rendez-vous : la deuxième Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique (CIEA). Elle avait pour thème: « La mise en œuvre des plans d’émergence en Afrique ». Alassane Ouattara a d’ailleurs inscrit la question de l’émergence économique au cœur de son programme politique, notamment dans le cadre du Plan national de développement (PND) : un investissement qui représente pas moins de 30 000 milliards de francs CFA sur quatre ans (2016-2020).

Comme le confiait dernièrement au journal Le Monde Paul Derreumaux, ancien PDG de Bank of Africa, « la Côte d’Ivoire est un des candidats les plus crédibles » pour aspirer au statut de « pays émergent ». Avec un taux de croissance compris entre 8 et 10% depuis cinq ans, ce pays est une des économies les plus dynamiques du continent. Un constat partagé par la Banque Mondiale. À en croire l’institution, la Côte d’Ivoire a toutes les chances pour devenir une économie émergente d’ici 2020.

Avec un déficit public contenu à 3 % et un taux de chômage qui n’excède pas 7 %, la Côte d’Ivoire (et d’autres de ses voisins, comme le Sénégal) a un rôle majeur à jouer dans le développement de la région. Condition sine qua non : que les responsables politiques, les groupes privés et la société civile mettent en place des stratégies communes pour saisir toutes les opportunités.