Le gouvernement contraint d’assouplir les règles du passeport sanitaire

Le gouvernement contraint d’assouplir les règles du passeport sanitaire

Des dizaines de milliers de personnes protestent contre l’introduction des passes sanitaires pour les cafés, les bars et les centres commerciaux.

Le gouvernement français, qui a introduit la semaine dernière certaines des mesures les plus strictes d’Europe contre le COVID-19, a été contraint de revenir sur certaines restrictions à la suite d’une réaction des industries et de manifestations de rue.

Parmi les nouvelles règles, le président français Emmanuel Macron a cherché à accélérer les vaccinations en rendant obligatoire la preuve de la vaccination ou de l’immunité pour entrer dans les cafés, les restaurants et une série d’autres lieux cet été.

Ce dispositif, qui va plus loin que celui des autres grands pays de l’UE, a été mis en place pour contribuer à briser une quatrième vague d’infections au COVID-19 en France, due à la variante Delta, plus contagieuse. Lundi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a averti que l’augmentation du nombre de cas était « stratosphérique » après que le taux d’incidence en France a augmenté de 125 % en une semaine.

« Nos taux étaient faibles, mais cette vague [d’infections] peut augmenter très rapidement et atteindre des chiffres très élevés », a-t-il déclaré aux journalistes.

Le passeport vert COVID – un certificat numérique ou papier qui contient une preuve de vaccination ou d’immunité – devrait entrer en vigueur le mois prochain. Mercredi est considéré comme un jour de test pour ce laissez-passer qui sera introduit dans les musées, les galeries et les cinémas pour les événements dépassant 50 personnes.

Mais à peine une semaine après son annonce, le système est déjà mis à rude épreuve. Plus de 100 000 personnes, dont beaucoup brandissaient des pancartes contre la vaccination, sont descendues dans la rue dimanche pour protester contre le laissez-passer, faisant craindre que celui-ci ne devienne un symbole du mécontentement à l’égard de Macron.

Lundi, le gouvernement a fait plusieurs concessions, notamment en abaissant les amendes pour non-conformité, en repoussant les délais et en modifiant les règles pour les centres commerciaux. Le gouvernement doit faire face à d’autres obstacles, car le projet de loi introduisant les nouvelles mesures a été soumis au Parlement mardi. Un groupe de sénateurs a déjà indiqué qu’il allait saisir le Conseil constitutionnel français.

Les mesures prises par la France sont à bien des égards uniques. L’obligation de présenter un passe sanitaire pour accéder à un éventail de lieux aussi large que les restaurants, les cafés, les cinémas, les théâtres et les centres commerciaux va plus loin que ce qui a été tenté dans la plupart des pays occidentaux. Le passeport sera également exigé dans les trains, les avions et les autocars.

Entre-temps, Boris Johnson, du Royaume-Uni, a poursuivi le projet de « Journée de la liberté », en levant la plupart des restrictions légales. Pourtant, dans un signe de convergence face à une vague d’infections de la variante Delta, les ambitions du Royaume-Uni ont déjà été tempérées.

Après avoir initialement exclu les passes sanitaires à usage domestique, M. Johnson a annoncé la mise en place d’un système similaire pour les boîtes de nuit anglaises et autres lieux très fréquentés à partir de la fin septembre. Seule la preuve de la vaccination, et non un test négatif ou une preuve d’infection récente, sera acceptée comme passeport d’entrée – une décision interprétée comme visant à encourager les jeunes à se faire vacciner.

La suppression des mesures contre le COVID a été largement saluée comme un moyen de relancer l’économie, mais de nombreuses entreprises britanniques sont actuellement paralysées par des pénuries de personnel en raison du nombre de personnes ayant reçu l’instruction de s’auto-isoler. Un porte-parole de Downing Street a insisté mardi sur le fait qu’il s’agissait d’un « outil important » pour arrêter la propagation des infections et a exhorté les gens à s’y conformer.

Des règles et des délais changeants

L’extension du laissez-passer sanitaire en France a d’abord été saluée comme un succès pour Macron après que les rendez-vous de vaccination aient explosé. Après l’annonce des nouvelles restrictions, 3,7 millions de personnes ont pris rendez-vous pour se faire vacciner sur le site Internet Doctolib.

Mais le gouvernement est encore en train de peaufiner les détails avec les organismes de l’industrie, suscitant des accusations de confusion entre improvisation et prise de décision impromptue.

« Ils n’arrêtent pas de faire des allers-retours, c’est insupportable et c’est la même histoire depuis le début de l’épidémie », déclare Loic Hervé, un sénateur centriste et membre de l’opposition qui est contre le passe. « On sait que certains [aspects du pass] sont inapplicables, les règles ne sont pas encore gravées dans le marbre ».

Mardi, le gouvernement discutait des règles pour les centres commerciaux avec les dirigeants de l’industrie et les responsables locaux, après que le conseiller juridique du gouvernement, le Conseil d’État, ait déclaré que le pass était une restriction « disproportionnée » de l’accès à la nourriture.

Le gouvernement a également été contraint de réduire les amendes pour non-conformité de 45 000 à 7 500 euros pour les entreprises et donne plus de temps aux bars et restaurants pour vacciner leur personnel et introduire des contrôles.