Greenwashing : la condamnation de TotalEnergies servira-t-elle de leçon aux autres majors ?

Greenwashing : la condamnation de TotalEnergies servira-t-elle de leçon aux autres majors ?

Le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses concernant ses engagements climatiques. Selon le prononcé, la compagnie prétend atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et être un acteur majeur de la transition énergétique, alors qu’elle continue de lancer de nouveaux projets gaziers et pétroliers. Cette condamnation du géant français des hydrocarbures est un puissant message envoyé aux autres majors qui jonglent avec les mots verts.

Depuis l’accord de Paris de 2015, les entreprises ne jurent plus que par la transition énergétique. Elles assurent toutes verdir leurs activités à grand renfort de messages séduisants et puissants. Mais peu tiennent effectivement leurs promesses. Dans le domaine des hydrocarbures, les compagnies continuent même de lancer de nouveaux projets pétro-gaziers, alors qu’elles assurent s’être engagées dans la transition énergétique. La justice ne veut plus laisser passer ce mensonge.

TotalEnergies doit verser 29 000 € aux ONG plaignantes

Le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a condamné TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses, notamment sur sa promesse d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Selon la décision de justice, la communication institutionnelle du groupe tricolore a donné l’illusion qu’en achetant ses produits, les consommateurs participaient à l’émergence d’une économie bas carbone.

En réalité, note le juge, TotalEnergies omettait d’indiquer qu’il continuait d’investir massivement dans le pétrole et le gaz. Le tribunal a demandé à la compagnie de retirer de son site internet les engagements climatiques jugés mensongers, sous peine d’une amende de 20 000 € par jour en cas de non-respect. TotalEnergies doit également verser 29 000 € aux ONG plaignantes, à savoir Greenpeace France, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous.

TotalEnergies a changé de nom en 2021 pour exprimer son évolution vers un modèle multi-énergies

La décision du tribunal judiciaire de Paris fait suite à une action en justice initiée en 2022 par les trois associations environnementales contre une campagne de communication lancée en 2021 par la major pétrolière française à l’occasion de son changement de nom. Passant de Total à TotalEnergies, l’entreprise voulait exprimer sa volonté d’une transformation vers un modèle multi-énergies, aligné avec la transition climatique.

Elle ambitionnait d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et disait être « un acteur majeur de la transition ». Aussi, le géant des hydrocarbures affirmait que le gaz fossile est une énergie « bon marché », « la moins émettrice ». En outre, il affirmait que les agrocarburants permettent une réduction d’au moins 50 % des émissions de CO2 par rapport à leurs équivalents fossiles, voire 90 %, et sont une solution essentielle pour décarboner les transports.

La multinationale soutient que les messages visés relevaient d’une communication générale

D’après le tribunal judiciaire de Paris, TotalEnergies s’est rendu coupable de greenwashing en recourant au champ lexical des énergies renouvelables pour désigner le gaz fossile. La multinationale est également fautive d’avoir laissé croire aux consommateurs qu’elle a adopté une stratégie climatique la plaçant sur la trajectoire globale de +1,5 °C  de l’Accord de Paris. Pourtant, TotalEnergies soutient que les messages visés relevaient d’une communication générale, et non d’une publicité. Toutefois, la compagnie a annoncé qu’elle ne fera pas appel de la décision de justice.

Les autres majors savent désormais que leurs promesses écologiques sont scrutées par la justice 

La condamnation de TotalEnergies met en lumière le fossé entre les discours et les actions des géants du secteur pétrolier. Bon nombre d’acteurs du fossile s’appuient aujourd’hui sur un vocabulaire inspiré des objectifs de développement durable pour se présenter comme des champions de la transition énergétique, alors qu’ils continuent de lancer des projets de pétrole et de gaz partout sur Terre. Avec la condamnation de TotalEnergies, les majors savent désormais que leurs promesses écologiques seront scrutées par la justice. Elles ne pourront plus se contenter d’une stratégie purement médiatique et faire de l’ecoblanchiment en arrière fond.