« Les jeunes sont nos nouveaux pauvres »

« Les jeunes sont nos nouveaux pauvres »

chomeur en greve 2005_photo_Laurent GUEDONLe président du Medef International, Bernard Spitz propose un changement radical de la politique au moment où l’organisation patronale a choisi la jeunesse comme thème de son université d’été.

Les jeunes seront à l’honneur à l’université d’été du Medef, ce mercredi et jeudi, avec le thème « Formidable Jeunesse », et ce, parce que les jeunes sont « un de nos principaux atouts » selon l’organisation patronale. Bernard Spitz, le président du Medef international est du même avait. Il leur a même dédié un livre dont le titre est « On achève bien les jeunes ». Il estime que ce « formidable atout » s’est transformé en un « formidable gâchis ». L’auteur évoque un « véritable logiciel de la réforme » de même que le Medef qui souhaite faire de nouvelles propositions sur l’apprentissage, la flexibilité et le SMIC à la rentrée.

« Les jeunes sont devenus la variable d’ajustement de réformes sans cesse repoussées. C’est ce qui motive ce livre. Notre système les prend en otages dans tous les domaines : emploi, santé, éducation… Les jeunes sont nos nouveaux pauvres alors qu’ils devraient être notre richesse et notre futur. C’est moralement insupportable et économiquement suicidaire. Nous sommes en train de leur voler leur avenir professionnel, personnel et citoyen. J’ai voulu porter ce sujet dans le débat public en vue de la présidentielle et interpeller une jeunesse de plus en plus abstentionniste. Comme le chante Jean-Jacques Goldman dans Toute la vie, c’est aux jeunes de se bouger, mais à nous de leur en donner l’envie et les moyens.  »

Selon les derniers chiffres, un million de jeunes de moins de 30 ans vivent sous le seuil de la pauvreté. Les revenus du père et de son fils ont un écart flagrant de 40%, alors que ce n’était que 15% en 1985. Le taux d’échec en première année d’université atteint 48% et chaque année près 150.000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme. Mais l’indicateur clé de l’échec se situe dans le nombre de sans-emploi: 25% de nos moins de 25 ans n’ont pas d’emploi alors qu’en Allemagne, il n’y a que 7% qui sont au chômage.

« Je propose une nouvelle alliance entre générations qui sorte des dogmes partisans. Elle tient en une vingtaine de propositions autour de quatre volets : marché du travail, éducation, protection sociale et citoyenneté. Exemples? Sur le premier volet, la réduction du coût du travail autour du SMIC, en supprimant les charges sociales à son voisinage, et la voie du contrat de travail unique, avec des droits progressifs. Dans le domaine des savoirs, il faut reconnecter le système français au monde réel et aux entreprises. Notre système éducatif est d’une inégalité sociale inouïe. Cessons l’hypocrisie autour de la sélection : bien menée, elle irait dans le sens de l’intérêt général. Doublons les effectifs des grandes écoles : leur malthusianisme nous prive des cadres dont notre économie a besoin.

Et favorisons massivement l’apprentissage. Pour rééquilibrer nos comptes sociaux, je propose de relever l’âge de la retraite à 63 ans d’ici à 2020. Il faut améliorer la santé de nos jeunes, car ils renoncent de plus en plus à se soigner. En matière de citoyenneté, il leur faut se loger : l’extension des campus s’impose. Incitons aussi les copropriétés à augmenter leurs surfaces pour construire des studios en franchise de taxe, avec des règles d’urbanisme simplifiées. Des mesures civiques, comme le vote dès 16 ans aux élections locales, pourraient aussi les motiver, » avait déclaré Bernard Spitz.

crédit photo:Laurent GUEDON