Une alliance attendue se dessine enfin sur le continent africain

Une alliance attendue se dessine enfin sur le continent africain

Lundi 23 mars 2018, les présidents ivoirien et ghanéen, Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo, ont signé la « déclaration d’Abidjan », lors d’une rencontre organisée en parallèle de leur participation à l’Africa CEO Forum. Cette déclaration vise au rapprochement entre les deux pays concernant la filière cacaoyère.

La Côte d’Ivoire et le Ghana produisent à eux seuls 60% de l’offre mondiale de cacao (2,015M de tonnes pour la campagne 2016/2017 pour la Côte d’Ivoire) en étant respectivement classés premier et second producteurs mondiaux. Preuve de l’importance de cette fève dans l’économie ivoirienne, les ressources procurées par le cacao participent à hauteur de 20% du PIB de la Côte d’Ivoire, représentent près de 50% des recettes d’exportation et deux tiers des emplois directs et indirects du pays, faisant vivre près de six millions d’Ivoiriens.

Rien de surprenant à ce que l’année 2017, frappée par une forte chute des cours mondiaux du cacao, ne pousse les deux États à réagir (le cours est passé de 3 385$ la tonne en décembre 2015, son plus haut,  à 1 780$ début mai 2017, son plus bas).

Les producteurs sont impactés par ces variations de cours, et les différences de prix versés aux cultivateurs entre les deux pays poussent le marché noir à la hausse. L’accord signé par les deux Chefs d’Etat arrive donc à point nommé. Par cette déclaration intitulée « La Côte d’Ivoire et le Ghana ensemble pour faire face aux défis de l’économie cacaoyère », les deux pays s’engagent sur 8 points traduisant « leur volonté de définir une stratégie commune, en vue de trouver une solution durable à l’amélioration des prix perçus par les producteurs de cacao de leurs pays respectifs ».Un accord économique bilatéral qui, loin de se raréfier, devient un outil de développement pour les pays africains.

Le cacao n’est pas la première filière à bénéficier du soutien d’une alliance africaine

En 1998, pour répondre à la crise importante que subit la filière du coton, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, Sénégal et le Togo ont décidé de former le PR-PICA (Programme Régional de Protection Intégrée du Cotonnier en Afrique).

Le PR-PICA est un programme à caractère scientifique, technique, et à but non lucratif, ouvert à tous les pays d’Afrique producteurs de coton qui en feraient la demande. Il répond à plusieurs objectifs dont la lutte contre les nuisibles, l’amélioration de la production et de la productivité, mais aussi l’amélioration durable du revenu des cotonculteurs.

Le secteur reste soumis à de nombreux aléas ; météorologique, baisse de production, insectes ravageurs, mais le gouvernement ivoirien prend régulièrement des mesures pour l’encourager parmi lesquelles la garantie des prix pour le producteur, instaurée en 2016.

La Côte d’Ivoire place ses pions

Dans le concert des nations émergentes africaines (le continent est en effet appelé à connaître une explosion de sa croissance), la Côte d’Ivoire tire son épingle du jeu. Avec un taux de croissance de 7,6% en 2017, la Côte d’Ivoire a affiché l’une des progressions les plus élevées au monde d’après la Banque mondiale. Celle-ci a dévoilé en janvier 2018 un rapport intitulé « Aux portes du paradis » qui dévoile ses nombreux atouts, notamment ses bons résultats agricoles pour l’année 2017.

L’action d’Abidjan y est décrite en termes élogieux, la Banque mondiale précisant que « la plupart des indicateurs économiques et financiers sont au vert » et « le pays a su gérer la chute du prix du cacao, largement compensée par la récolte exceptionnelle ». Toutefois, des pistes de consolidation de cette croissance sont encore nombreuses.Le rapport insiste par exemple sur le fait que la Côte d’Ivoire doit continuer d’améliorer son cadre économique, légal et institutionnel.

Toujours est-il qu’en favorisant les accords entre pays frontaliers sur des ressources clefs, la Côte d’Ivoire veut prendre une place de leader sur un continent en pleine explosion économique. Une stratégie auréolée d’un certain succès pour le pays d’Alassane Ouattara : en 2018, celui-ciest entré dans le top 5 des États africains les plus dynamiques, rejoignant ainsi le Ghana, le Sénégal ou encore l’Ethiopie.