AS Monaco : l’hypocrisie de la critique fiscale

AS Monaco : l’hypocrisie de la critique fiscale

Encore dans les choux il y a un an, l’AS Monaco est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Il fascine et effraie à la fois, fait l’objet d’innombrables rumeurs et polémiques. La fiscalité avantageuse dont il bénéficie inspire des critiques acerbes. Que cachent-elles ?

Après les déconvenues de septembre et d’octobre, les entames poussives, les défaites et les matchs nuls décevants face à Châteauroux, Niort et Troyes, le club déchantait, ses détracteurs se réjouissaient. Il avait entamé la saison en fanfare, avec 8 nouveaux joueurs, un nouvel entraîneur et surtout un nouveau président, désireux de lui donner les moyens de son envol. Mais la première vague de succès a fini par s’essouffler, et les plus sceptiques parlaient déjà d’un club surestimé, que l’on avait couronné de lauriers avant même qu’il fasse ses preuves.

La succession de victoires (Auxerre, Toulon, Clermont, Sedan) a mis fin à cette période de doute. Non seulement Ibrahima Touré a confirmé qu’il était un buteur exceptionnel (14ème but depuis le début du championnat), mais certains joueurs, qui peinaient jusqu’ici à se démarquer, ont également réalisé de belles performances. Valère Germain a notamment fait la différence en inscrivant un doublé contre Toulon. La confiance est revenue dans les rangs monégasques.

La nature même du jeu a changé. Finis les débuts de match laborieux et les rattrapages in extremis. Claudio Ranieri est passé par là. Réputé pour sa passion dévorante pour le football ainsi que pour son dévouement, il demande en retour une implication maximale de la part de ses joueurs, et cela s’est traduit sur le terrain au fil des matchs. Les restructurations entreprises depuis le rachat du club par l’oligarque russe Dmitry Rybolovlev et les succès corollaires se sont accompagnés de nouveaux objectifs, toujours plus ambitieux.

Interviewé récemment sur Eurosport.fr, l’entraîneur italien déclarait : « Le projet de notre président, c’est un projet très ambitieux : il veut construire quelque chose de durable avec des jeunes joueurs, afin que l’équipe puisse aller en Europe et arriver en Ligue des champions, afin qu’elle arrive à concurrencer les équipes les plus puissantes en Europe. »

Il ne s’agit donc plus seulement d’intégrer la ligue 1. Cet objectif avait un sens au début, après la débâcle de l’année 2011 et la relégation en ligue 2. Mais la remontée fulgurante de ces douze derniers mois a fait que la direction de l’AS Monaco a logiquement déplacé le curseur encore un peu plus loin, du coté européen, en souhaitant participer à la compétition sportive inter clubs la plus prestigieuse d’Europe.

« La France doit être capable de rivaliser avec ces grandes équipes européennes. Pour l’instant, il y a Lyon, le PSG et je l’espère, dans deux ou trois ans aussi Monaco. Tout ça profitera au foot français et au foot européen » a déclaré Claudio Ranieri, confirmant que l’ASM ne comptait pas s’arrêter aux frontières françaises.

Le club n’a pas agi dans la précipitation, s’est reconstruit lentement mais sûrement en suivant une ligne stratégique de long terme. Si les débuts de sa restructuration n’inquiétaient pas outre-mesure, les succès de l’équipe et les transferts envisagés par la direction commencent sérieusement à gêner les autres clubs aux entournures. Alors que le statut fiscal particulier dont jouit Monaco ne dérangeait personne il y a un an, voilà que les premières voix s’élèvent aujourd’hui pour le dénoncer.

A commencer par celle du président de l’Olympique de Marseille Vincent Labrune, dans un entretien à l’Equipe : « Lorsque l’on participe à un jeu, il faut que les règles soient plus ou moins les mêmes pour tous ». Même son de cloche du coté de l’AS Saint-Étienne, de la part du vice-président de l’UCPF. « Le sujet préoccupe de nombreux clubs. Objectivement, ce serait bien que Monaco remonte, c’est un grand club. Mais, avec ces 75 %, il se créerait un vrai problème de concurrence déloyale et anormale. C’est quelque chose qui interpelle même le PSG ».

La vérité, c’est que ce n’est pas la fiscalité qui inquiète les professionnels du foot français, mais bien la dangerosité nouvelle du club. On peut comprendre ces inquiétudes, exprimées de manière fort partiale, quand on sait que David Beckham, joueur doté d’une expérience solide et d’une personnalité forte, est susceptible d’intégrer les rangs asémistes à l’occasion du prochain mercato. Il pourrait bien contribuer à forger le jeu collectif qui fait pour l’instant défaut à l’ASM et faire du club une véritable menace.

One thought on “AS Monaco : l’hypocrisie de la critique fiscale

  1. Article très intéressant. Qu’est-ce que les critiques de Monaco voulez? Un système qui « handicape » chaque équipe selon ses avantages naturels?! Il est évident que cela dépasserait les frontières du ridicule…

    Chaque club français a des avantages qui lui sont propres, liés à sa situation géographique, son histoire et ses supporters. Le PSG est basé dans la capitale, avec des millions de supporters potentiels ; Nice est idéalement situé pour attirer des fans venant de toute la Côte d’Azur ; Marseille et Saint-Etienne ont depuis longtemps des supporters dans toute la France, bien au-delà des régions dans lesquelles ils sont établis. Monaco n’a pas ces avantages là!

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