Arnaud Lagardère/Vivendi : les dessous d’un clash

Arnaud Lagardère/Vivendi : les dessous d’un clash

Le torchon brûle entre Arnaud Lagardère et le groupe Vivendi après que ce dernier ait attaqué Canal Plus (filiale de Vivendi) devant le tribunal de commerce de Paris pour contester une convention de trésorerie entre Canal Plus France, dont le groupe Lagardère est actionnaire à hauteur de 20%, et la holding Canal Plus Groupe. Une procédure judiciaire qui étonne quant aux motivation et à la stratégie du groupe Lagardère.

Arnaud Lagardère est-il en train de lancer une « tentative de déstabilisation » de Vivendi, comme l’affirme le groupe de multimédias, afin de négocier en position de force une cession de ses parts dans Canal Plus ? La manoeuvre apparaît probable tant Arnaud Lagardère a multiplié ces derniers mois son intérêt à se séparer de sa participation dans la chaîne cryptée. Avec 20% des parts, il n’est pas en mesure de peser sur la gouvernance du groupe (notamment en terme de distribution de dividendes).

Fort de ce constat, et après des négociations avortées en 2011 avec Vivendi, qui proposait jusqu’à un milliard d’euros pour le rachat des 20% de Canal Plus, Arnaud Lagardère a choisi de tenter de frapper son co-actionnaire au porte-monnaie en réclamant la restitution par Canal Plus Groupe de 1,6 milliard d’euros de trésorerie à Canal Plus France. Et ainsi de renverser le rapport de force de négociations qui sont au point mort depuis plusieurs mois.

La difficile remise en cause d’un accord de trésorerie

Mais, outre que la partie judiciaire s’annonce périlleuse pour le groupe Lagardère tant les conventions de trésorerie entre filiales et groupes sont monnaies courantes, la stratégie d’Arnaud Lagardère est on ne peut plus floue. En quête de liquidités, notamment pour financer ses activités sportives (qui accumulent 900 millions de dépréciations d’actifs dans le bilan 2011), l’héritier de l’empire familial éponyme n’aurait-il pas mieux fait de céder sa participation plus tôt ?

Car la réalité de Canal Plus n’est pas franchement idyllique. Concurrencée par l’arrivée de Bein Sport et en porte-à-faux avec la hausse prochaine de la TVA (de 7% à 10%) annoncée par le gouvernement et qui devrait lui coûter 80 millions par an, la valorisation de la chaîne cryptée est sans doute inférieure aujourd’hui à ce qu’elle était en 2011. Et le jeu de dupes judiciaires qui se prépare ne modifiera pas en profondeur les données concrètes de la valorisation du groupe.

Une date line à mars 2014

Et la partie est encore plus serrée pour Arnaud Lagardère. En effet, une clause actionnariale ne lui laisse que jusqu’à mars 2014 pour pouvoir mettre en bourse sa participation dans Canal Plus France. Après cette date, il sera contraint, s’il souhaite céder ses actifs, de passer par un investisseur tiers ou de négocier de gré à gré avec Vivendi. Or, il y a fort à parier qu’aucun investisseur ne souhaitera acquérir une telle participation face à la domination de Vivendi (qui possède les 80% restants de Canal Plus Groupe).

Et Vivendi de préparer la contre-offensive, qui devrait prendre la forme d’une plainte en « abus de procédure ». Le groupe a par ailleurs affirmé être en train « d’évaluer les dommages et intérêts » qu’il pourrait réclamer à Lagardère. L’ambiance est pour le moins tendue autour de Canal Plus.

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