Budget: la défense fait pression sur l’Élysée

Budget: la défense fait pression sur l’Élysée

photo_brigade aeriennes des forces de sécurité et d'intervention SRA ESPERANZA BERRIOS, USAFFrançois Hollande avait convoqué ce mercredi 29 avril, un conseil de défense important pour décider de l’avenir des armées.

 

Le conseil de défense consiste à réétudier la loi de programmation militaire 2014-2019 suite aux différentes menaces terroristes qui ont frappé la France. La défense souhaite des arbitrages: elle souhaite bénéficier d’effectifs et de crédits en plus. Le Parlement devrait recevoir le projet de loi en juin.
Le gouvernement confirme l’analyse de l’environnement sécuritaire établi en 2013 dans le « Livre blanc » de la défense qui est toujours pertinente, et que l’analyse demandée par François Hollande n’est « qu’une actualisation ». Le gouvernement prévoit un budget annuel de 31,4 millions d’euros et 34 000 suppressions de postes. Mais, le calcul s’avère être juste face à la crise des finances publiques. Cepedant, les demandes qui cumulent des services franchissent les 8 milliards d’euros. Le ministre Jean-Yves Le Drian va présenter une addition inférieure, mais elle sera toujours supérieure à 3 milliards d’euros.
La défense est dans l’obligation doit répondre à la demande présidentielle de mettre en place sur le territoire national, une force de protection de 7 000 soldats, et ce, d’une façon permanente. L’effectif demandé par le président est deux fois supérieur que l’ancien plan Vigipirate. Pour mettre en place 7 000 hommes, il faut un réservoir trois fois plus. La « force opérationnelle terrestre » qui est de 66 000 soldats dans le livre blanc doit être revue à la hausse.
Décidé après les attentats de janvier, une « opération Sentinelle » a été mise en place pour le déploiement de 10 500 hommes, mais cela ne peut durer plus de quatre semaines à cause des moyens disponibles. Les préparations aux opérations extérieures ont été minimisées, des formations, mais également des congés ont été annulées. D’après le chef militaire, il est impossible de continuer avec les opérations extérieures. Parmi les 34 000 postes qui devraient être supprimés, la défense souhaite en sauver jusqu’à 18 500.
L’exécutif souhaite renforcer les moyens dans quatre grands domaines. « Plusieurs centaines » de postes seront créés dans la cyberdéfense et de lourds investissements ont été attribués à LPM. La seconde priorité concerne le renseignement qui demande la mobilisation de 6 milliards d’euros. La Direction générale de la sécurité extérieure a procédé à l’ajout d’effectifs en janvier dernier, d’autres sont annoncés notamment à la Direction du renseignement militaire. Il aurait également de rachat de drones Reaper et de satellites optiques.
La troisième priorité consiste à l’équipement en hélicoptère pour le renfoncement de l’aérocombat, et le rachat de nouveaux matériels pour les forces spéciales.
Des corrections seront également apportées aux programmes d’armement en cours, comme le car de l’A400M d’Airbus. Les livraisons de ce transport militaires ralentissent et il ne permet pas de larguer correctement les parachutistes. Dans l’immédiat, la France va racheter « sur étagères » des avions américains Hercules C-130.
Le retour de l’armée sur le territoire national aura lieu sans que la France soit obligée de cesser ses opérations extérieures d’après la feuille de route présidentielle. Cependant, au cours de l’année 2014, les nombreux engagements simultanés que les armées ont dû faire face, les conduits au bord de la rupture: avec 9 000 soldats à l’extérieur, elles dépassent le contrat qui est inscrit dans le Livre blanc. 3 500 soldats opèrent au Sahel, 1 700 en Centrafrique, 800 en Irak, 850 au Liban dans le Golfe de Guinée, sur le front est de l’Europe. S’ajoute à cela, l’assistance aux forces africaines pour contrer Boko Haram et l’aide à l’Armée syrienne libre. Le retrait de 1 000 soldats fin 2015 en Centrafrique permettra d’avoir un peu de moyens. Cependant, il faut partager avec les autres ministères la charge des « surcoûts opex » qui vaut 1 milliard d’euros par an.

 

La défense ne peut pas non plus espérer boucler son budget avec les « recettes exceptionnelles » de l’État. Elle doit trouver près de 2,3 milliards d’euros cet été et près de 7,6 milliards d’euros au total sur la programmation. Les négociations avec le ministère des Finances deviennent quasiment impossibles. La baisse des prix de carburant permettrait de faire une économie d’un milliard en un an, mais c’est insuffisant. « Ça passe ou ça casse », assure au Monde une source de haut niveau.
Vendre des armes à l’étranger est un excellent moyen de balancer des paiements français, mais cela compliquerait la gestion des ressources des armées. Les exportations atteignent déjà 10 milliards d’euros par an: rafale en Égypte, équipement de l’armée libanaise, hélicoptère en Pologne, satellites aux Emirages arabes Unis . Ces commandes se superposent avec les propres achats de l’armée, et entrainent ainsi des livraisons différées. Cela comprend le volet de formations qui mobilise près de 60 officier et sous-officiers français au Liban.
La non-livraison à la Russie de deux porte-hélicoptères Mistral à cause de la crise ukrainienne aura un impact important sur le budget. Il fait rembourser le client et payer les pénalités.

 

crédit photo: SRA ESPERANZA BERRIOS, USAF