Du producteur au consommateur : la France se mobilise à tous les niveaux contre le réchauffement climatique

Du producteur au consommateur : la France se mobilise à tous les niveaux contre le réchauffement climatique

 

Financements renouvelables

Hôte de la COP 21, la France souhaite se montrer exemplaire en matière de production décarbonée d’énergie. Une dynamique portée par les plus hautes instances de l’Etat, mais aussi par les consommateurs, les énergéticiens, les collectivités territoriales, etc. Comme un seul homme, tous les maillons de la chaîne énergétique mettent la main à la pâte, et les résultats de cette « union sacrée de l’énergie » sont déjà visibles.

L’été indien sans précédent de cette année nous le rappelle : le climat change. Avec une conscience grandissante de l’impact croissant de l’activité humaine sur l’environnement, le débat public et citoyen s’est emparé des questions relatives à la transition énergétique. Dans la perspective de la conférence intergouvernementale sur le climat, la COP21, qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains, le sujet est largement relayé par la presse, et on se rend compte des différents aspects du développement durable, qui implique de changer de façon de penser et de consommer. Energies grises, recyclage, labels de production verte, la question s’immisce à tous les niveaux de notre quotidien. Une approche transversale qui recouvre une large variété de champs d’activité. Ainsi, les grands acteurs de l’énergie française, de nombreuses PME tricolores innovantes et un nombre important de collectivités ont pris à bras le corps la lutte contre le problème du dérèglement climatique. C’est également le cas des consommateurs, dont l’implication est de plus en plus visible.

Concrètement, cette prise de conscience s’accompagne d’une augmentation impressionnante des moyens de production d’électricité à partir d’énergie renouvelable. Le parc éolien, nul en 2002, a atteint 8.000 mégawatts. Le parc photovoltaïque, apparu en 2008, est aujourd’hui générateur de plus de 4.000 mégawatts – l’équivalent de trois réacteurs EPR. Et l’action environnementale s’étend à une variété de secteurs d’activité au-delà des énergies renouvelables : l’efficacité énergétique, les transports propres, la gestion des déchets et le traitement de l’eau, par exemple. Autant de filières qui nécessitent des financements, et ça tombe bien, les placements boursiers se font de plus en plus nombreux. Pourtant, si les marchés financiers sont à la manœuvre, ils ne sont pas les seuls, les politiques publiques étant également de plus en plus volontaristes.

Au niveau national, les politiques publiques de financement se sont concentrées sur le développement des énergies renouvelables. Une source majeure de revenus est la contribution au service public de l’électricité (CSPE) à laquelle sont soumis les consommateurs d’électricité. La CSPE représente, en cumulé depuis 2002, la coquette somme de 25 milliards d’euros, mais demeure controversée, puisqu’elle ne met que le consommateur final à contribution et concerne indifféremment tous les foyers, quel que soit leur niveau de vie.

De leur côté, les acteurs locaux se retroussent également les manches. Le Sénat a souhaité analyser et promouvoir les bonnes pratiques des collectivités locales en matière de lutte contre le changement climatique. Intitulé « les collectivités territoriales s’engagent pour le climat », un récent rapport se penche sur les réalisations substantielles de ces dernières. Le rôle clé des territoires dans la transition énergétique est notamment dû à leur connaissance de proximité, qui permet d’expérimenter autour de solutions d’avenir adaptées à des environnements spécifiques. Une force à l’origine du développement d’une économie innovante des déchets et du recyclage, et qui incite également à préserver les écosystèmes locaux, à encourager les sources d’énergie renouvelable, à investir dans la mobilité durable, à favoriser l’efficacité énergétique, etc.

De nombreux exemples témoignent de cette implication. La communauté de communes de Loches, en Touraine, a ainsi développé une filière exemplaire de matériaux biosourcés produits localement. De son côté, l’éco-quartier d’Issy-les-Moulineaux fait également figure de pionnier en proposant à la fois un cadre bâti performant, un réseau de chaleur géothermique et une collecte pneumatique des déchets. Les actions entreprises pour décarboner le transport sont aussi à soutenir vivement. En développant, a proximité des axes de transport, des zones denses présentant une diversité d’habitats et de fonctions – comme le fait Grenoble -, les collectivités favorisent par ailleurs l’émergence d’un cadre urbain propice aux mobilités alternatives. La communauté d’agglomération CAP Nord Martinique et le ministère de l’Écologie ont signé une convention de partenariat pour doter la commune de véhicules électriques rechargés à 100% par une station photovoltaïque. Un dispositif de « Micro Grid » contribuera également, à partir de stations photovoltaïques, à équiper en énergie renouvelable plusieurs bâtiments et à prévenir les pannes d’alimentation électrique provenant du réseau.

Des actions sont aussi dirigées sur les bâtiments administratifs des collectivités, les crèches, établissements scolaires et le vaste parc social de la ville de Paris. Ainsi, pour gagner le pari de l’efficacité énergétique, EDF s’est engagée à rénover 100 écoles en 2 ans – un quart du parc de la capitale – sans fermeture. La société a fait le choix de s’engager sur des résultats. De fait, elle devra dédommager la ville si des seuils de performance énergétique et de réduction d’émission de CO2 ne sont pas atteints. Si l’objectif est atteint, les gains seront partagés. Par cet engagement franc et entier, la société confirme sa position de pionnier du développement durable en France et en Europe. Une ambition déjà servie par des financements innovants par le passé, puisque le groupe lançait il y a peu une campagne de crowdfunding, ou financement participatif, afin d’ériger un parc éolien dans les Vosges.

On le voit, la réponse à la question des financements de la transition énergétique n’est pas une, mais plurielle. Si les coûts de déploiement des énergies renouvelables sont colossaux, l’implication de chaque entité, à divers niveaux et de façon concertée, devrait permettre d’apporter une solution efficace.

Romain Chiron, auditeur énergétique