Le modèle économique de Heetch va-t-il convaincre la justice ?

Le modèle économique de Heetch va-t-il convaincre la justice ?

HeetchLes 8 et 9 décembre prochains, l’application de transport social en vogue chez les jeunes va passer au révélateur de la justice. Heetch pourrait être condamnée à verser des dommages et intérêts aux nombreuses parties civiles soucieuses de mettre à mal un système de concurrence déloyale.

Après le volet Uber Pop, les chauffeurs de taxi s’attaquent désormais au dossier Heetch. Prévoyants, les dirigeants de la plateforme ont décidé d’axer leur communication sur la notion d’économie collaborative pour échapper à la fronde. Ces derniers multiplient donc les arguments pour se différencier de sa devancière :

« Les jeunes y voient un service d’utilité publique » – « Nos chauffeurs ne sont pas des professionnels, mais plutôt des particuliers qui acceptent de transporter d’autres particuliers moyennant un dédommagement pour l’usure de la voiture » – « Notre concurrent, c’est le manque de transport en commun la nuit. »

Tedd Pellerin, l’un des fondateurs, poursuit son réquisitoire en brandissant une étude réalisée par un cabinet indépendant auprès de 15 000 utilisateurs du service. Les chiffres démontrent en l’occurrence que 80 % d’entre-eux ont moins de 25 ans. Et 80 % d’entre-eux (pas forcément les mêmes) disent n’avoir jamais pris de taxi.

Autrement dit, les jeunes voient en Heetch un service complémentaire des transports publics après minuit, avec pour optique de rejoindre des lieux mal desservis comme les banlieues; une donnée qui ressort de façon récurrente.

Le jeune loup ne se prive d’ailleurs pas d’ajouter une autre corde à son réquisitoire, cette fois via un raisonnement quelque peu étrange :

« Quand on sort de soirée et qu’on est jeune, on n’a pas envie de prendre un taxi dont le chauffeur, en général un homme mûr, vous donne l’impression de monter dans la voiture de votre père », explique-t-il avec un léger sourire.

Rendre service avant tout

Selon lui, les chauffeurs Heetch ne recherchent fondamentalement pas l’appât du gain mais à rendre service tout simplement :

« Le montant moyen perçu par le chauffeur Heetch s’élevait à 1800 euros par an en 2015 et cela devrait être un peu moins en 2016. De toute façon, un particulier ne peut pas gagner plus de 6 000 euros avec Heetch. A titre de  comparaison, un chauffeur Uber perçoit 1400 à 1600 euros par mois pour un temps plein de 50h par semaine… »

T.Pellerin évoque dans la foulée l’exemple de la Belgique qui a décidé de plafonner les gains liés à l’économie du partage. Sa carte maîtresse en quelque sorte :

« J’ai eu des contacts avec des hommes politiques de tous bords pour préconiser une telle solution en France et ils se sont globalement montré intéressés », assure-t-il.

Avant de conclure, pragmatique : « Les plateformes d’économie du partage doivent remonter les informations aux autorités locales, c’est assez simple à faire (…) Et pas forcément très couteux », comme l’affirment pourtant de nombreux exploitants concernés.

Source : L’Usine Digitale

Mathieu Portogallo