Le programme de réformes d’Emmanuel Macron mis à l’épreuve : les députés approuvent un plan d’aide à l’inflation de 20 milliards

Le programme de réformes d’Emmanuel Macron mis à l’épreuve : les députés approuvent un plan d’aide à l’inflation de 20 milliards

Le Parlement français a adopté un ensemble de subventions dans ce que le gouvernement a déclaré être la dernière série d’aides avant un retour à la sobriété budgétaire.

La France a fait ce qu’elle sait faire le mieux : injecter de l’argent pour résoudre un problème. Alors que le pays est confronté à la flambée des prix de l’énergie, à une inflation de 5,8 % et à des avertissements de troubles sociaux, l’Assemblée nationale française a voté mercredi un ensemble de mesures palliatives d’un montant de plus de 20 milliards d’euros visant à atténuer la douleur économique des ménages.

Ces mesures comprennent la prolongation des plafonds existants sur les prix du gaz et de l’électricité, l’augmentation des retraites et des prestations sociales. Les deux projets de loi qui constituent ce train de mesures seront examinés par le Sénat français.

Ce train de mesures fait suite à un avertissement lancé début juillet par la Cour des comptes, l’organe de contrôle de la dette publique du pays, concernant la trajectoire budgétaire précaire des finances publiques à l’approche du nouveau quinquennat du président Emmanuel Macron.

« Le plus dur est maintenant, nous devons faire des choix politiques courageux et ne pas céder à la tentation de toujours dépenser plus », a déclaré le ministre français des finances, Bruno Le Maire, aux journalistes au début du mois. M. Le Maire a exclu à plusieurs reprises d’aller plus loin, malgré les critiques des partis d’opposition, qui seront tentés de faire monter les enchères compte tenu de leur nouveau poids à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de juin. Si l’on en croit les débats parlementaires de ces derniers jours, marqués par de vives protestations et des coups de théâtre de la gauche, les décisions politiques difficiles pourraient se heurter à une résistance encore plus forte.

Selon le ministère français de l’économie, le pays aura dépensé plus de 40 milliards d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages, en tenant compte des dernières mesures, ainsi qu’environ 23 milliards d’euros à partir d’octobre 2021. En valeur absolue, il s’agit de l’un des montants les plus importants injectés dans le système par un pays d’Europe. Et ce qui suscite l’inquiétude dans certains milieux, ce ne sont pas les montants absolus des dépenses publiques, mais la direction qu’elles prennent.

Tôt ou tard, préviennent les économistes, le gouvernement devra faire face à la musique.

Avec la hausse des taux d’intérêt et la crainte d’une récession, la dette et le déficit élevés de la France sont un problème qui ne peut plus être ignoré. En 2022, le prix du service de la dette publique du pays devrait augmenter de 12 milliards d’euros, soit plus que le budget du ministère français de la justice.

Emmanuel Macron souhaite désormais une remise à zéro. Arrivé au pouvoir en 2017, il s’est présenté comme un perturbateur favorable au marché qui voulait économiser 60 milliards d’euros en réduisant les dépenses publiques et en mettant en œuvre des réformes controversées des retraites et du chômage. Mais après avoir été confronté à l’agitation sociale menée par le mouvement des Gilets jaunes, à une crise économique majeure déclenchée par la pandémie de COVID-19 qui a nécessité une approche « coûte que coûte », et à une inflation désormais galopante déclenchée par la guerre en Ukraine, le président n’a eu d’autre choix que d’y aller à fond dans les dépenses publiques.

Toutefois, l’objectif de M. Macron n’a pas changé et son programme de réformes économiques libérales est de nouveau sur la table.