Le marché du Bio en France: un secteur d’avenir?

Le marché du Bio en France: un secteur d’avenir?

produits bio_sinscienceUne étude du groupe d’analyse Xerfi s’est penchée sur les perspectives d’avenir de la distribution des produits biologiques en France. Qu’il soit un simple phénomène de mode ou une complète mutation de notre consommation alimentaire, le bio s’impose de plus en plus dans notre pays. La France est devenue au fil des années le deuxième consommateur européen de produits issus de la production biologique, derrière l’Allemagne. Si l’expansion de ce marché profite de l’empathie de la société française pour les luttes environnementales, c’est principalement les scandales sanitaires des dernières décennies qui ont poussé les consommateurs à privilégier des produits plus sains et meilleurs pour la santé. Focus sur l’émergence du marché bio en France.

 

Un marché qui se démocratise et qui rassure des consommateurs méfiants de la provenance de leurs aliments

Aujourd’hui le marché bio en France pèse plus de 4,1 milliards d’euros, ce qui représente seulement 2% de la consommation alimentaire des Français, contre 1% en 2006. Si les produits bios ont longtemps été le symbole des « bobos » parisiens, la tendance est de nos jours à la démocratisation de la consommation de ces produits. Selon le baromètre Agence Bio/CSA, un Français sur deux consomme des produits bios et seulement 25% de la population affirme ne pas se sentir concernée par le bio, ce qui ne fait que confirmer les perspectives d’avenir de ce marché. Ainsi, l’agriculture biologique qui a été relancée en France à partir des années 70 semble s’imposer depuis plus d’une décennie dans notre pays, mais comment expliquer une telle progression ?

Dans les années 90 une grave crise sanitaire touche le Royaume-Uni et son agriculture : la crise de la vache folle. Cet événement provoque la panique dans les ménages français au moment d’acheter de la viande rouge, chacun ayant peur de consommer la viande anglaise contaminée. La décennie suivante ne calme pas les inquiétudes puisque que la fièvre aphteuse de 2001 va toucher l’élevage de mouton et la grippe aviaire en 2005 celui des volailles. Ces différentes crises sanitaires dans le secteur agricole vont pousser les consommateurs à être plus vigilant sur la provenance des produits achetés et notamment à privilégier les producteurs locaux, lesquels proposent plus souvent des produits bios. Selon le baromètre Ethicity les Français choisissent le bio avant tout par souci de santé (39%) que par respect de l’environnement (28%). C’est donc pour rassurer des peurs ancrées par les crises sanitaires ô combien médiatiques que le bio aurait colonisé les assiettes des Français. Le succès des émissions de télévision sur la gastronomie semble aussi avoir poussé nos compatriotes à s’intéresser un peu plus à ce qui se nous mangeons. Le souci d’une alimentation saine et la redécouverte du plaisir de cuisiner apparaissent aujourd’hui comme les fers de lance de l’industrie bio.

Si les principaux scandales sanitaires des vingt dernières années concernent principalement les producteurs de viandes, on remarque que les principaux produits bios consommés ne sont pas la viande. Au sommet du classement on trouve en effet les fruits et légumes, les produits laitiers, les œufs et les boissons (jus, vins…) alors que le lait, la viande et les produits d’épicerie n’arrivent qu’en fin de peloton. La majorité de ces produits bio provient des marchés locaux puisque aujourd’hui seulement 25% des marchandises que l’on trouve dans les enseignes bio sont des produits importés. Pour faire face à cette mutation de la consommation des français, les principaux distributeurs ont dû adapter leurs stratégies pour répondre à ce besoin.

L’essor du bio dans les grandes surfaces : répondre à un besoin ou profiter d’une tendance ?

Carrefour, le géant français de la distribution, a lancé en 2013 à Paris son premier magasin 100% Bio dans le 12ème arrondissement. Plus tôt en 2008, Monoprix, un des leaders de la distribution parisienne avait racheté la célèbre enseigne de produit bio Naturalia. Les leaders de la grande distribution semblent s’être attaqués au bio pour profiter de la tendance général poussant les Français à se tourner vers des produits plus locaux et plus sains. Car si le bio était à l’origine un argument de différenciation pour les géants de la distribution, il est devenu aujourd’hui un des piliers de la stratégie des Auchan, Carrefour et autres grands groupes. Ceux-ci ont décidé de casser leur image « d’industriels ne se souciant pas de la qualité et de l’origine de leurs produits » en créant de véritables rayons bios dans leurs magasins mais surtout en diffusant de multiples campagnes médiatiques. C’est en particulier le cas de Carrefour avec sa campagne « le Bio pour tous », on retrouve aussi sur ce terrain les entreprises de hard discount comme Leader Price qui a récemment lancé un partenariat avec Jean-Pierre Coffe, l’ambassadeur de la cuisine locale, ainsi qu’une campagne « Le Bio moins cher ».

L’étude de Xerfi met aussi en lumière les différents segments du « Bio alimentaire » qui ne se restreignent pas aux simples produits biologiques. En effet, si ces derniers constitue la majorité du secteur « bio » avec un marché de près de 4,6 milliards d’euro de prévu pour l’année 2015, soit une hausse de 6% par rapport à l’an passé, on note que d’autres protagonistes viennent nourrir ce secteur porteur d’avenir. Apparu dès la fin des années 90 la game « Bleu Blanc Cœur » fait aussi partie de ce qu’on appelle le « bio alimentaire » avec des produits qui sont beaucoup plus riches en Omega-3 du fait d’une modification de l’alimentation des animaux qui génèrent ces produits (lait, œufs, fromages, produit laitiers…). Ce secteur est aussi en hausse puisqu’en 2015 il devrait peser plus de 630 millions d’euros, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2014.

Enfin un des autres piliers du bio alimentaire est le secteur des produits sans gluten qui devrait croître cette année de 30% pour atteindre les 130 millions d’euros. Alors que le « gluten-free » était réservé aux personnes intolérantes au gluten, ces produits sont de plus en plus plébiscités par ceux qui ne possèdent aucune allergie au gluten. Quoi qu’il en soit, les industriels ont bien vu que ce secteur du « Gluten-free » serait la nouvelle niche du marché bio dans les années à venir et ils sont beaucoup à commencer à développer des gammes de produits sans gluten.

Après les Biocoop, bio c’ bon, naturalia ou encore La vie Claire, les grands distributeurs comme Carrefour ou Auchan se sont eux aussi lancés dans l’aventure du Bio. Ce secteur, autrefois réservé à une élite citadine du fait de ses produits plus chers, s’est aujourd’hui démocratisé à travers les grandes surfaces. Les scandales sanitaires des dernières décennies et les préoccupations environnementales ont conduit les Français à être parmi les plus grands consommateurs de produit bio en Europe. Mais cette nouvelle tendance dans les ménages à consommer bio s’inscrit aussi dans un courant culturel de retour aux produits locaux et de qualité qui ont fait et font toujours le prestige de la gastronomie française.

Crédits photo: Sinscience

Baptiste Guerin

 

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